La campagne lancée par le Ministère de l’Éducation nationale rejoint notre engagement et celui de la CFDT. Nous pouvons agir au sein de nos établissements.
Les plaintes contre les violences homo- et transphobes ont fortement augmenté ces derniers mois.
La campagne « Collèges et lycées engagés contre l’homophobie et la transphobie : tous égaux, tous alliés », lancée par le ministre le 29 janvier, revêt une importance particulière. En tant que militantes et militants syndicaux, nous ne pouvons tolérer plus longtemps que 72 % des mineur·es LGBT vivent mal (à) l’école (voir sur le site du Ministère de l’Éducation nationale).
Chacun·e d’entre nous doit s’assurer que cette campagne se déclinera efficacement, avec des affichages visibles, des mises à disposition de prospectus et des temps de prévention dans tous les établissements scolaires.
L’homophobie et la transphobie concernent les élèves, et aussi nos collègues qui sont victimes d’insultes, de discrimination du fait de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre.
Charte d’engagement de l’autre cercle
Depuis un an, au travers de la CFDT, nous sommes signataires de la charte d’engagement de l’Autre Cercle. Lutter contre les discriminations au travail, c’est favoriser les conditions de travail, c’est renforcer la qualité de vie au travail. Alors que doit s’ouvrir d’ici fin juin le débat sur l’extension de la procréation médicalement assistée – en faveur de laquelle la CFDT s’est prononcée lors du congrès de Rennes – nulle accalmie à attendre sur le front de la lutte contre l’homophobie et la transphobie. Notre engagement sur ce dossier est donc plus que jamais nécessaire !
Lutter contre les LGBT-phobies à l’école
Nous vous proposons ci-dessous un extrait de l’interview de Frédéric Gal parue dans Profession Éducation, le mensuel du Sgen-CFDT, n°258 (décembre 2017 – janvier 2018). Frédéric Gal est le directeur général du Refuge, une association reconnue d’utilité publique qui accompagne et héberge de jeunes LGBT rejetés par leur famille.
En quoi consistent, justement, les interventions en milieu scolaire que vous proposez ?
L’école est un formidable vivier où doit se construire le vivre-ensemble – aussi galvaudé par les politiques ce terme soit-il – et où les élèves doivent apprendre à réfléchir par eux-mêmes. Nous partageons tous un espace commun, il faut donc se comprendre, et donc se parler. Mais parce que l’école peut aussi être un lieu de violences, y compris homophobes, nous sommes parfois sollicités par les établissements. Nous examinons toutes les demandes, même si nous ne pouvons intervenir qu’en fonction de nos disponibilités.
L’intervention dure deux heures et n’est proposée qu’à une seule classe à la fois. Nous commençons par demander aux élèves de poser des questions de façon anonyme. C’est essentiel, pour que chacun puisse s’exprimer sans la peur du regard d’un camarade suspicieux. Puis en général, la conversation s’engage assez spontanément avec les élèves – et dans le cas contraire, l’intervenant ou même l’enseignant présent peut relancer.
Déconstruire les stéréotypes…
Notre but est de délier les langues pour que chacun finisse par parler sans être regardé de travers, pour que chacun réfléchisse à l’origine de l’homophobie, mais également aux sources de son éventuelle animosité, voire de sa haine. Car en arrivant en classe, certains élèves ont un discours très clair : l’homosexualité, c’est contre-nature, c’est « dégueulasse », c’est interdit par la religion. D’autres vont penser être indifférents à la question, mais se crisperont tout de même à l’idée d’une possible homosexualité d’un ami ou d’un membre de leur famille.
Notre objectif est donc multiple. En tout premier lieu, il s’agit évidemment de déconstruire les stéréotypes en les abordant sous les angles sociologique, anthropologique et religieux, en mettant en avant les arguments favorables au respect de l’autre. Ensuite, nous cherchons à banaliser l’homosexualité.
Un individu n’a pas à être réduit à sa sexualité.
Certains élèves réduisent l’homosexualité à l’acte sexuel qui emplit leur imaginaire de façon presque obsédante, oubliant qu’il s’agit avant tout d’une relation entre deux personnes libres, animées de sentiments qui sont évidemment les mêmes que chez les hétérosexuels, oubliant également qu’ils n’ont pas à se mêler de la sexualité d’autrui tout comme on ne doit pas se mêler de la leur. La sexualité d’un individu n’a pas vocation à être dévoilée sur la place publique et un individu n’a pas à être réduit à sa sexualité.
Appel à projets de la DILCRAH : et pourquoi pas vous ?
La Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH) a lancé pour 2019 un nouvel appel à projets à destination des structures locales engagées dans la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT. Doté d’une enveloppe de 2 millions d’euros, cet appel à projets piloté par les préfets de département vise à soutenir des initiatives liées à l’éducation, la prévention, la formation et l’aide aux victimes, ainsi que des actions de communication et l’organisation d’événements.