Déclaration préalable du Sgen-CFDT en CIEN Île de France - conseil inter-académique Éducation nationale - septembre 2021. Par Alaïs Barkate du Sgen-CFDT Académie de Créteil, qui représente les trois Sgen franciliens au CIEN.
Madame la Rectrice,
Messieurs les Recteurs,
Monsieur le Vice-Président de la Région Île de France en charge des Lycées,
Depuis mars 2020, l’Éducation Nationale, et en particulier son ministre, fait semblant. Aux yeux du Sgen-CFDT, cette rentrée ne fait pas exception. On fait semblant que tout soit normal. On fait semblant de proposer un protocole sanitaire adapté aux modes de propagations du virus et aux besoins des personnels et des élèves. On fait semblant de prendre en charge la vaccination des élèves. On fait semblant de réduire la fracture numérique. On fait semblant de savoir définir la laïcité et de la faire vivre.
Bref, on fait semblant de prendre en compte la réalité des conditions de travail de toutes les catégories de personnels de l’Éducation Nationale, et notre région ne fait pas exception.
La rentrée 2021 est, une fois encore, placée sous le signe du Covid, et des promesses…
Si l’équipement des établissements d’Île-de-France en détecteurs de CO2 et en purificateurs d’air est une excellente chose, ceux-ci ne sont pas encore arrivés partout alors que les vacances d’été auraient pu permettre de réaliser des diagnostics par établissements pour cibler les équipements et les priorités afin de garantir, dès la rentrée, la santé et la sécurité des élèves et des personnels.
À défaut, renforcer et fluidifier la communication entre l’ingénieur Région et l’équipe de direction permettrait un diagnostic adapté et programmé surtout que, vous le savez aussi bien que nous : beaucoup d’établissements fonctionnent avec des équipes de direction et de vie scolaire épuisées par la charge de travail que représente la gestion du protocole sanitaire et des cas covid, des personnels de santé en nombre insuffisants et des agents sursollicité·e·s notamment par la désinfection des surfaces dont on sait aujourd’hui la nécessité toute relative…
Sans oublier qu’une meilleure gestion du remplacement des personnels permettrait une meilleure prise en compte de la qualité de vie au travail et la réalisation de bien des promesses.
Le « kit sanitaire lycéen » fourni par la région, quant à lui, s’il part d’une bonne intention, celle de la protection et de la responsabilisation, devrait plutôt être nommé dans certains établissements « le couac sanitaire de rentrée » : le kit ayant été livré en kits, compliquant considérablement la tâche des personnels de vie scolaire.
L’enjeu de la vaccination
Quant à l’unique autotest, c’est à se demander s’il ne faut pas le désinfecter après usage avec le gel hydroalcoolique fourni. Enfin, il nous semble important de souligner ici l’enjeu de la vaccination, pendant complémentaire essentiel à un protocole sanitaire adapté et au respect des gestes barrières.
Une couverture vaccinale la plus large possible nous parait en effet essentielle pour lutter contre la propagation du virus, et ce pour toutes celles et ceux qui sont en âge de se faire vacciner, personnels, élèves et étudiant·e·s.
Vous avez dit numérique ?
Dans un deuxième temps, nous voudrions nous attarder sur le numérique et la mesure phare de la région : « un ordinateur pour chaque élève entrant en classe de seconde ».
Cette mesure, parce qu’elle inclut enfin toutes les filières, est un premier pas vers la réduction de la fracture numérique, ce qu’il convient de saluer, mais si les familles ne disposent pas d’un accès à internet ou si monlycée.net et l’ENT ne fonctionnent pas, comme cela a pu être le cas durant plusieurs périodes d’enseignement à distance, ça devient bien plus compliqué et nuancé.
À cela s’ajoute pour nous deux questions : le remplacement des ordinateurs prévalant le plus souvent sur la réparation d’après plusieurs référent·e·s numériques, nous nous demandons quel est finalement le bilan écologique de tout cela ?
Ensuite, la question de l’hybridation évoqué dans les documents préparatoires à ce CIEN nous semble pour le moins problématique : la formule « dans et hors de la classe » suppose une hybridation synchrone qui n’est pas sans poser la question de la pertinence et de la faisabilité de suivre un cours en direct depuis chez soi, sans compter toutes les questions de droits à l’image, de droits à la voix et de propriété intellectuelle que cela suppose en plus de la redéfinition des missions et pédagogies des enseignant·e·s.
Ainsi, par certains aspects, la promotion du numérique semble paradoxalement déconnectée du réel des élèves et des collègues, au risque d’augmenter le décrochage si les personnels des EPLE ne peuvent pas travailler étroitement avec les CIO pour compléter l’offre d’accompagnement des parcours.
Égalité filles-garçons
Mais ce dossier de presse de rentrée Région Île de France présente aussi de belles promesses en termes d’égalité filles-garçons, de lutte contre les discriminations et de lutte contre la précarité menstruelle.
Faire en sorte que tou·te·s les élèves puissent réellement bénéficier des trois séances d’éducation à la sexualité par an.
Au Sgen-CFDT, il nous semble primordial de poursuivre les nombreuses actions menées pour promouvoir l’égalité filles-garçons auprès des élèves grâce à des associations telles que le planning familial ou le centre Hubertine Auclert par exemple, mais aussi en faisant en sorte que tou·te·s les élèves puissent réellement bénéficier des trois séances d’éducation à la sexualité par an, séances auxquelles elles et ils ont droit depuis la circulaire de 2018, en se gardant bien de s’enfermer dans un schéma binaire et hétérosexuel pour veiller à éviter toutes les formes de discriminations.
Dans le prolongement de ces actions, nous tenons à saluer la Région pour son engagement dans la lutte contre la précarité menstruelle, en espérant que les distributeurs de protections périodiques seront réapprovisionnés régulièrement.
Nous demandons à ce qu’un accès à la contraception pour tous et toutes en établissement soit mis en place.
Enfin, dans la continuité des annonces ministérielles sur la gratuité de la contraception pour toutes les femmes jusqu’à 25 ans, nous demandons à ce qu’un accès à la contraception pour tous et toutes en établissement soit mis en place à l’échelle nationale ou, à défaut, nous vous en faisons solennellement la demande pour l’Île-de-France.
N’hésitez pas à contacter les militantes et militants du Sgen-CFDT !