Loi sur l’école de la confiance ?

Les débats parlementaires sur le projet de loi pour une école de la confiance démontrent une fois de plus que l’École est un terrain de jeu idéologique facile. Cette loi ne doit pas être votée en l'état (communiqué intersyndical)

L’École, terrain de jeu idéologique : ça suffit !

Les réalités vécues par les élèves, et par les personnels de l’Éducation nationale et des collectivités territoriales qui font le service public d’éducation, sont bien loin d’une partie des débats actuels.

Catherine Nave-Bekhti, dans un éditorial dénonce une loi fourre-tout et une avalanche d’amendements, dont certains sont peu républicains et éloignés des réalités, des apports de la science. Certains amendements partent cependant de bonnes intentions. Et la loi présente aussi des apports intéressants.

Des débats qui laissent des traces

Mais le bilan des débats sur ce projet de loi, sans colonne vertébrale comme le dit Claude Lelièvre, laissera des traces. Un discours caricatural aux accents dépréciatifs se répand, qui dénigre l’École et celles et ceux qui la font vivre au quotidien. Cela crispe et cela blesse. Qu’y a-t-il à y gagner ? La stratégie politicienne de quelques un·es. L’École mérite mieux que cela.

projet de loi pour une école de la confiance : attention, dangers...Ces débats, ces mots ont une efficacité, des conséquences négatives qu’il eût été sage d’anticiper. Écrire un article 1 sans effet normatif, comme l’a noté le conseil d’État et comme l’a récemment rappelé Bernard Toulemonde, a déclenché des débats presque devenus prophétie auto réalisatrice : des cadres (pas tous) contrôlent, parfois même pénalisent des agents pour des écrits qui n’ont rien de répréhensible ni aujourd’hui, ni demain. Appliquant dès maintenant une obligation de réserve qui n’existe pas et n’est pas dans le projet de loi, ceux-là croient à tort que l’École devient une grande muette.

D’autres dispositions ont un impact non négligeable sur les dépenses publiques sans que soient explicités les effets en ricochet sur d’autres missions de l’École.

Faire de l’École un terrain de jeu idéologique la fragilise, et ne permet pas à la Nation de mener le débat serein sur l’École dont les jeunes générations ont besoin.

Communiqué de Presse Intersyndical du 19 février 2019

Alors qu’il devait s’articuler autour de l’obligation d’instruction ramenée à 3 ans, le projet de loi dit Blanquer « Pour une école de la confiance » est devenu, au fur et à mesure de ses évolutions, un texte qui bouleverserait  le fonctionnement  du système éducatif sans faire la preuve de progrès :

  • Création d’établissements publics des savoirs fondamentaux sans accord des communautés éducatives,
  • réforme de la formation des enseignants,
  • fin de l’évaluation indépendante des politiques éducatives,
  • cadeaux financiers pour l’école privée.

Ce projet de loi s’est même affranchi de discussions préalables de par les nombreux amendements intégrés, tant parlementaires que gouvernementaux.
Il prépare d’autres réformes profondes pouvant être décidées par ordonnances ou textes réglementaires.
L’ensemble des organisations syndicales FSU, UNSA Éducation,  Sgen-CFDT, Ferc-CGT et SNALC dénonce cette méthode verticale ne pouvant que cristalliser les tensions, et à nouveau bousculer l’Ecole dans un contexte qui nécessite apaisement et implication de  l’ensemble des acteurs.
En conséquence, elles s’adressent solennellement aux députés et leur demandent de ne pas voter cette loi en l’état.

Le communiqué intersyndical