Ministère de la « chasse aux heures » épisode 15: les sorties scolaires trinquent !

Ou comment le remplacement de courte durée (RCD), priorité de l'exécutif, risque de limiter les sorties et voyages scolaires ? Que faire ?

Après quelques semaines, de nouveaux effets du Pacte se font jour. Un des effets indirects (on pourrait parler de « dommage collatéral ») concerne l’organisation de voyages et sorties scolaires dans le second degré.

Formation Continue danger

Chantage inacceptable : sorties scolaires versus remplacement

« Comment ça il y aurait des parts fonctionnelles pour l’organisation de sorties ? ». En fait, non ! En revanche, la pression très forte du ministère pour qu’il n’y ait plus de « classes sans profs » s’est traduite ces dernières semaines par l’apparition de ce que certains ont ressenti comme du chantage pur et simple. Désormais, dans certains établissements, le discours est simpliste : pour qu’une sortie soit autorisée, les heures « perdues en raison de l’absence » des accompagnateurs et accompagnatrices doivent être remplacées.

Que cela se fasse dans le cadre d’échanges oraux ou de courriels entre personnels de direction et enseignant.es, ou que cela apparaisse noir sur blanc dans des projets de protocoles de RCD,  c’est une nouveauté. Les remontées de terrain sur ce sujet sont nombreuses. Et cette nouveauté ne passe pas, car demander aux collègues de « rattraper » des heures de cours non assurées pour cause de sortie, c’est leur demander un double service. Bien sûr, quand on accompagne les 6ème en sortie à la journée à Paris, on ne peut pas assurer ses heures devant les 4ème et 3ème. Pour autant, on n’a pas chômé !

Nous le pressentions dès que le dispositif a été présenté par le ministère:  Le «Pacte», les parts fonctionnelles d’ISOE, allaient avoir un impact large sur le travail et les conditions de travail.

Communication institutionnelle insupportable et injonctions contradictoires

Les enseignants sont-ils donc indifférents au sort des élèves qui perdent des heures de cours ? Certainement pas et d’ailleurs, commençons par rappeler la responsabilité de l’employeur avant de stigmatiser les personnels : lire l’article sur le temps de travail des enseignants.

On ne comptabilise pas les heures faites bénévolement, par exemple lors de l’accompagnement des sorties scolaires. Par contre, il faudrait absolument que l’heure libérée pour un enseignant soit « comblée » en le remettant devant d’autres élèves. Peu importe que ces élèves soient ceux de l’enseignant.e ou pas !

Personne n’est dupe ! Pour le ministère, l’intérêt premier n’est pas pédagogique. Il s’agit plutôt d’afficher, dans une communication grand-public, que la promesse de « pas de classe sans prof » est tenue. Dans le même temps, il publie une circulaire qui explique l’importance des sorties scolaires. Que comprendre alors ?!

Quant à  l’intérêt des élèves : où est-il vraiment quand, en raison de telles demandes, il n’y aura plus de sorties autorisées, voire organisées ?

Et plus largement, pour toutes les heures qui ne sont pas assurées car les postes sont vacants ou que  les remplacements de longue durée ne sont pas mis en place, on fait comment ?!?

Difficultés à organiser des sorties scolaires, que faire ?

Au Sgen-CFDT, nous n’avons pas pour habitude de dire aux collègues ce qu’ils ou elles doivent faire.

Sorties scolaires

L’émancipation, c’est aussi cela : chacun sait quelle est la meilleure décision. Nous sommes des professionnels de l’éducation. Cette décision prend en compte les élèves, elle prend aussi en compte nos droits et elle doit aussi pouvoir prendre en compte ce que nous sommes en mesure de vouloir ou pouvoir faire à tel ou tel moment d’une année scolaire.

Ces derniers temps, en effet, il arrive fréquemment que les situations se crispent. Nous ne pouvons que le déplorer. Mais parfois la confrontation est nécessaire. Abandonner, au moins temporairement, des projets pourtant utiles aux élèves est une manière d’établir un rapport de force, ceci en vue de pouvoir faire évoluer la situation à plus ou moins brève échéance.

Au Sgen-CFDT, nous prônons aussi et avant tout un dialogue social de qualité. Le lieu de travail est le premier échelon de ce dialogue. Il doit donc être possible de mener des échanges respectueux et apaisés, dans lesquels chaque agent se sente autorisé à avancer ses arguments.

Dialogue social désespérement

Ce dialogue doit pouvoir être possible de manière individuelle, mais aussi dans les instances de l’établissement, notamment en conseil pédagogique. Face à des demandes qui nous isolent, ce sont bien des réponses collectives qu’il faut construire.

N’hésitez pas à faire appel à vos représentant.es du  Sgen-CFDT en nous écrivant à versailles@sgen.cfdt.fr

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