Les CLA, les contrats locaux d'accompagnement, remplaceraient les REP. L'expérimentation démarrée dans 3 académies s'étend à 12 à la rentrée prochaine, dont l'académie de Versailles, sans bilan ni concertation.
Ce dispositif, expérimenté dans les académies de Lille, Marseille, Nantes depuis la rentrée 2021, remplacerait les REP (réseaux d’éducation prioritaire). Sans bilan, ni concertation l’expérimentation s’étend à à la rentrée 2022 à 12 académies dont l’académie de Versailles.
Le Sgen-CFDT condamne l’absence de concertation avec les personnels, notamment celles et ceux qui sont au plus proche du terrain.
Qu’est ce que le contrat local d’accompagnement ?
Selon le ministère ce dispositif serait plus progressif dans l’attribution de moyens, au lieu d’une différence très nette entre les paliers REP +, REP et hors REP, et plus divers dans ses critères d’attribution, donc une adaptation plus fine des moyens à la difficulté de tel ou tel secteur.
Quels critères ?
Pour une adaptation plus fine des moyens, les critères sont plus variés que pour les REP :
- caractéristiques et typologie de l’établissement ;
- population scolaire : résultats, orientation post 3e …. ;
- typologie de la commune : indice d’éloignement en ruralité, part des élèves en quartier « politique de la ville », réseau, attractivité, …. ;
- profil des enseignants : ancienneté dans le poste, nombre de postes partagés, …
Les critères relèvent encore de l’expérimentation dans chaque académie concernée. Les moyens sont attribués en fonction d’un contrat. Dans ceux qui ont été établis, au niveau d’une école ou d’un établissement, on trouve des objectifs sur les apprentissages proprement dits, le climat scolaire, les pratiques enseignantes, la continuité du parcours scolaire ou encore les partenariats éducatifs.
Quelques éléments positifs
On a observé quelques éléments positifs pour les établissements concernés :
- La reconnaissance (accès à la classe exceptionnelle déjà acté, points mutation),
- L’indemnisation de missions ou projets existants, en incluant des personnels non-enseignants (AED, AESH),
- La reconnaissance de certains temps de formation,
- Une marge de manœuvre financière (achats matériels, fonds sociaux) susceptibles d’aider certaines familles les plus en difficulté,
- Une marge de manœuvres sur des dispositifs spécifiques, tels « devoirs faits »,
- Dans le premier degré, quelques moyens humains, sur des demi ou tiers d’équivalent temps plein : une amorce pour ré-introduire le « plus de maîtres que de classes » détricoté par le même ministère Blanquer.
- Possibilité de prise en compte des écoles et des établissements (école orpheline, lycée professionnel) dans « l’angle mort » de l’éducation prioritaire ? Mais quid des lycées ?
Malheureusement, l’expérimentation procède d’une conception verticale et de l’alibi : une extension au bout d’une seule année, avant que l’on puisse réellement évaluer le résultat. Fidèle à la conception du « dialogue social » de son ministre de tutelle, la secrétaire d’État à l’éducation prioritaire, Nathalie Elimas, a annoncé, via Twitter (le 5 mars, juste avant de quitter sa fonction suite à des accusations de harcèlement moral) que « l’expérimentation » sera étendue à 12 autres académies.
L’académie de Versailles fait partie de ces (nombreuses) nouvelles académies « expérimentales » : une expérimentation/généralisation hâtive à suivre de près. Nous vous tiendrons informés régulièrement et porterons nos revendications.
L’avis du Sgen-CFDT: attention!
Le projet de CLA ne constitue pas une mauvaise idée a priori, mais il inquiète par les moyens insuffisants mis en oeuvre. Il inquiète également par la manière qu’a le ministère de le conduire :
- La généralisation à marche forcée sans savoir si cela fonctionne (inutile, le ministère sait ce qu’il nous faut). Certaines écoles concernées n’ont même pas encore reçu leurs moyens du CLA. Il faudrait prendre au moins un temps d’expérimentation de trois ans pour que l’évaluation soit sérieuse,
- L’opacité de certains critères et du classement établi,
- Des moyens globaux qui n’équivaudront pas forcément ceux des REP,
- Des moyens qui envisagent trop peu les heures postes et les décharges, alors que les collègues attendent surtout un allègement de la charge de travail,
- La notion de « contrat » qui interroge : qu’est-ce qui est contractualisé ? quelle réponse réelle aux besoins? Sur quelle durée? quelle évaluation ? Sans ces précisions, on peut craindre que ce contrat soit un moyen de pression sur les équipes pédagogiques, et la porte ouverte à un traitement par trop opaque. Au final, un système moins pertinent que les REP, dont le fonctionnement est pourtant bien à améliorer?
Les revendications du Sgen-CFDT
Temps de concertation, formation …
Du temps de concertation pour le travail en équipe, la prise en compte des besoins des élèves …
- Du temps de décharge plutôt que des IMP et heures supplémentaires
- Minoration du temps du face à face élève et intégration du temps de concertation dans les emplois du temps,
Moyens humains supplémentaires
- Des classes moins chargées, cela signifie plus de postes,
- Et aussi davantage de personnels santé-sociaux
Primes
Que l’ensemble des personnels de l’établissement classé dans le dispositif soient concernés par ces primes, y compris les personnels santé-sociaux, AESH, administratifs…
Le Sgen-CFDT souhaite un projet ambitieux à la hauteur des enjeux de l’éducation prioritaire et pas un dispositif bâclé, sans bilan ni concertation.
En savoir plus ?
Vous pouvez lire et consulter :
- Le journal du Sgen-CFDT Versailles « Quoi de neuf » n° 50 consacré à l’éducation prioritaire
- Nos précédents articles sur notre site académique :
- la motion du Sgen-CFDT Versailles à son congrès de Cergy,
- la motion du Sgen-CFDT sur l’éducation prioritaire
- les articles de la fédération Sgen-CFDT sur l’élargissement du dispositif sans concertation sur l’éducation prioritaire, un chantier mal engagé, sur la concertation en REP +
Merci au Sgen-CFDT Picardie et aux militants fédéraux qui ont contribué à la rédaction de cet article.