Réforme des LP : une concertation pour rien !

Au sortir de 4 mois de pseudo concertations, finalement ne seront retenues que les propositions du président Macron déconnectées de la réalité des Lycées professionnels

Danger sur la voie pro
Des annonces déconnectées

En dehors de quelques propositions sur le décrochage, sur un accompagnement renforcé des élèves…,   issues des quatre mois de concertation, les propositions retenues par le président Macron sont finalement les siennes et parfois déconnectées de notre réalité quotidienne.

Le tout annoncé par voie de presse une nouvelle fois, sans précision sur les moyens et à l’intérieur d’ un calendrier très précipité.

QUATRE MOIS DE CONCERTATION POUR RIEN !

Exit les 200 propositions issues de la concertation organisée à l’initiative de Carole Grandjean, ministre déléguée auprès du ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion et du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnelle.

L’essentiel des annonces

Gratifier les stages

Les gratifications prises en charge par l’Etat dès la rentrée 2023 :

  • 2° bac pro et 1° année de CAP : 50 euros par semaine soit 300 euros sur l’année
  • 1° bac pro et terminale CAP : 75 euros par semaine soit 600 euros sur l’année,
  • Terminale bac pro : 100 euros par semaine soit 600 à 1200 euros sur l’année.

Soit un milliard d’euros par an, cet argent public ne pourrait il pas  être utilisé autrement ?

Adapter les formations aux besoins locaux dès la rentrée 2023

fermetures filières 2023
fermetures de filières rentrée 2023

Il s’agit de fermer les filières non insérantes et ouvrir d’autres insérantes dans le domaine du numérique, mobilités douces, photonique et énergie dès la rentrée 2023;

  • 2 600 places  ferment et 3 000 places ouvrent ;
  • En complément, 1 050 places supplémentaires seront ouvertes sur la base de besoins exprimés par des entreprises partenaires des lycées professionnels dans le cadre de France 2030 ?

Le Sgen-CFDT Versailles dénonce précipitation, absence de concertation…

En effet, les suppressions ou créations s’anticipent, se préparent bien en amont afin de réussir ensuite une communication à tous les acteurs intéressés. Pourquoi subitement autant d’empressement ?

Réforme lycée professionnel
Ouvertures filières insérantes

A quelques jours des voeux, les élèves, enseignant.es, psy EN se demandent s’il y aura des ouvertures, ou les fermetures ?  !!! Est ce cohérent ? Ou bien s’agit il de celles prévues par la carte des formations de janvier 2023 ? La communication du ministère prête à confusion et génère de l’anxiété inutile.

En Ile de France, 413 places en économie gestion ferment mais ces fermetures figuraient déjà dans la carte des formations de janvier 2023?

On peut également se demander si les nouvelles filières dans l’industrie et le numérique rencontreront la demande des familles ?

Quant à la rénovation des diplômes, fusion des options ….cela nécessite également du temps.

Ré-introduire des effectifs réduits en  Français et des mathématiques dès le 2°

Le Sgen-CFDT Versailles ne peut qu’y être favorable, ayant dénoncé inlassablement les manques créés par la précédente réforme Blanquer. Et notamment pour permettre aux élèves de poursuivre en BTS. Cette mesure sera applicable à la rentrée 2023 pour les établissements volontaires mais les DGH seront elles abondées ? De plus, rappelons que les mesures de carte scolaire sont déjà effectives dans les établissements.

Options à choisir :

Langue, entreprenariat, codage

Pourquoi ne pas proposer d’autres options, culturelles par exemple ? Seront elles financées par la DGH et par quels enseignant.es ?

voie pro en danger
voie pro en danger

Ré-organiser la terminale bac professionnel

-6 semaines de terminales bac pro en février/mars.

Tous les élèves se retrouveront  sur le marché en mars :  un embouteillage assuré et des recherches de stages qui s’avèrent extrêmement très difficiles !

-Epreuves en avril pour les terminales

calquées sur le modèle des lycées qui a déjà prouvé que cela ne fonctionnait pas : C’est la démobilisation assurée.

De plus, les programmes déjà très lourds doivent être  allégés car deux mois en moins ne permettront sûrement pas de le clôturer.

Quid des CCF,  de l’épreuve de rattrappage ?

-Mai à juin : cours pour les élèves qui souhaiteraient poursuivre en étude supérieur  et stages pour ceux souhaitant s’insérer professionnellement

Ce qui équivaut finalement à la Ré introduction des semaines de stages supplémentaires en terminale avec la modulation pour les élèves souhaitant une insertion professionnelle.

De plus, qui visitera les élèves en stage pendant cette période  ?

Accompagnement des élèves

Accompagnement
Quels moyens ?

L’accompagnement pour lutter contre le décrochage ou pour  les recherches de stage avec le bureau des stages restent indispensables  mais nécessitent des moyens conséquents.

Le ministère annonce de nombreuses mesures mais sans préciser les moyens supplémentaires en heures ou postes par exemple. Ce qui nous inquiète !

D’autre part, nous insistons sur la nécessité de recourir à des bilans, des évaluations des dispositifs avant de les généraliser. Ce qui n’existe malheureusement pas, l’éducation nationale préférant empiler les couches successives de réformes quitte à perdre toute lisibilité et tout  sens .

Et la reconnaissance des personnels dans tout cela ?

Là encore, les propositions ne sont pas à la hauteur de notre travail, des difficultés rencontrées…

Exit pondération, heures de concertation  et place au pacte pourtant déjà repoussé par l’ensemble des organisations syndicales.

Pourquoi ne pas reconnaître notre travail intégralement tout simplement ?

Enfin, Le Sgen-CFDT déplore les déclarations du ministre suggérant aux collègues PLP dont la filière serait supprimée de se réorienter vers le primaire ou le collège. On ne peut que condamner de telles déclarations aussi bien sur le fond que sur la forme. C’est brutal et par voie de presse qui puis est !Nos collègues méritent plus de considération au regard de leur investissement au sein de l’institution. Une fois de plus, on ne soucie pas des personnels, ni de la gestion humaine de leur carrière.

Pour rendre attractive la voie professionnelle, c’est l’ensemble des métiers qu’il faudrait revaloriser ainsi que le regard et la  considération de la société. Ce serait une révolution culturelle, une justice sociale nécessitant une réelle volonté politique !

Cette réforme de la voie pro, initialement envisagée par une Loi, ne passera finalement pas à l’assemblée nationale. Seuls le CSAMEN et le Conseil supérieur de l’éducation seront consultés, sur les décrets et arrêtés modifiant le code de l’éducation.

 

En savoir plus ?

Vous pouvez lire les articles de la fédération sur :

Vous pouvez consulter nos anciens articles sur la réforme de la voie professionnelle :

Vous pouvez consulter sur les sites du ministère :