Affectation provisoire en éducation prioritaire, comment ça marche ?

A partir de la rentrée 2021, il sera possible, dans l'académie de Versailles, d'être volontaire pour une affectation temporaire en éducation prioritaire dans le second degré. Le Sgen CFDT Versailles, qui a beaucoup milité pour que ce type de dispositif existe, vous explique comment ça marche.

Une affectation provisoire en REP, pour quoi faire ?

C’est un problème bien connu. On a constaté, à de nombreuses reprises, que des enseignant.e.s expérimenté.e.s étaient prêt.e.s à travailler en éducation prioritaire, mais qu’ils craignaient d’y muter.

La peur est en effet de s’y retrouver coincé.e, en ayant perdu tous ses points d’ancienneté, sans plus pouvoir muter ailleurs. Dès lors, une bonne majorité des enseignant.e.s de REP sont des débutant.e.s, perpétuant ainsi ce paradoxe typique de la fonction publique française : mettre les agents les moins expérimentés face aux publics les plus en difficultés.

Le rectorat, qui a écouté les arguments du Sgen-CFDT, a donc mis en place, pour la rentrée 2021, une formule intéressante. Il s’agit, pour les enseignants volontaires, d’être temporairement affecté.e.s en REP, tout en conservant leurs postes.

Concrètement, ça fonctionne comment ?

Après le mouvement intra, le rectorat rend public tous les postes en éducation prioritaire non pourvus. Les enseignant.e.s volontaires peuvent demander à y être affecté.e.s provisoirement, pour un an.

Pendant ce temps, leur poste reste vacant (on y affecte un TZR ou un contractuel) et on gèle leur ancienneté de poste.

Une fois l’année écoulée, le ou la collègue peut choisir entre trois possibilités. La première est de revenir sur son ancien poste, la deuxième de rester là où elle ou il se trouve et la troisième d’aller dans un autre établissement d’éducation prioritaire.

Au bout de trois ans dans le dispositif, l’enseignant.e devra choisir entre retourner sur son ancien poste ou participer au mouvement.

On regrettera toutefois qu’il n’existe pas, à ce jour, de bonifications pour pouvoir intégrer les établissements dans lequel elle ou il a travaillé.

Je suis intéressé.e, je postule comment ?

Il faut télécharger ce formulaire et y indiquer ses vœux d’affectation. Il est ensuite à envoyer par mail, avec une courte demande motivée à la DPE, à accueil-mutation@ac-versailles.fr .

En cas de première affectation (ce qui est le cas de tout le monde pour cette année), il faut également faire remplir le formulaire par son ou sa chef.fe d’établissement. Attention, si vous êtes TZR, c’est votre chef.fe d’établissement de rattachement qui doit le compléter.

Il faut envoyer la demande au plus tard le 10 juin 2021.

A l’issue de la demande, le rectorat vous fera une proposition d’affectation. Il vous faudra la confirmer pour y être affecté.e.

Ce qu’on en pense

Pour le Sgen-CFDT Versailles, cette nouvelle disposition est, sinon une victoire, au moins une belle avancée. 
Enseigner en éducation prioritaire n’est pas toujours simple, mais beaucoup de problèmes viennent, selon nous, du manque d’expérience des collègues qu’on y envoie. Collègues qui, bien souvent, ont subi leur affectation bien plus qu’ils ne l’ont choisi.

Il est important de casser l’image de ces établissements. Ils ne doivent plus être des lieux de bizutage pour néo-titulaires, mais bien des opportunités, pour des collègues motivé.e.s et expérimenté.e.s, de renouveler leurs pratiques pédagogiques. Nous sommes conscients que ce renversement ne sera pas simple à opérer. Toutefois, cette mesure nous semble être un bon premier pas.

Nous parlons de premier pas, car il existe encore des pistes d’amélioration. On l’a déjà écrit, il serait intéressant que des bonifications existent pour pouvoir intégrer les établissement dans lesquels on a été détaché. On peut aussi regretter que l’ancienneté de poste soit gelée, ce qui reste en partie pénalisant.  Enfin, on aimerait avoir des précisions sur les critères de départage si plusieurs collègues demandent le même poste.

Néanmoins, ce dispositif reste une mesure qui va dans le bon sens, que nous sommes fier.e.s d’avoir revendiquée.