Les épreuves communes de contrôle continu approchent. Une note ministérielle vient d'être publiée, qui clarifie certains aspects mais laisse encore persister bien des incohérences et des inconnues.
Les épreuves communes de contrôle continu en classe de première vont se concrétiser en histoire-géographie, langues vivantes (et maths en séries technologiques) dès le 2ème trimestre de cette année scolaire. Le Sgen-CFDT a obtenu des améliorations de la note ministérielle à ce sujet qui vient d’être publiée.
Une note tardive, des zones d’ombre encore…
La précipitation de la mise en œuvre de la réforme met à jour, comme nous le dénonçons depuis plus d’un an, des pans entiers d’improvisation et de mauvais réglages des divers niveaux d’intervention de la maison Éducation Nationale. C’est aussi pour cette raison que le Sgen-CFDT revendique toujours l’abandon des E3C.
A ce stade, passer à 40 % de contrôle continu serait une solution bienvenue.
En effet, la tension (pour ne pas dire la contradiction) entre l’organisation des épreuves qui se veulent « de contrôle continu » (les E3C) et un cadrage institutionnel fort (convocations, anonymisation, harmonisation….) n’est toujours pas levée à quelques semaines des premières épreuves.
Le Sgen-CFDT a obtenu des améliorations de cette note, mais elle ne résout toujours pas l’ensemble des problèmes pratiques. Elle permet néanmoins aux équipes de peser sur l’organisation.
En effet, il est crucial de se donner du temps pour se saisir collectivement des leviers d’action afin d’alléger la charge de travail de tous et de ne pas se laisser imposer des modalités de passation lourdes et inadaptées.
Sécuriser juridiquement les personnels
L’annonce de l’impossibilité pour les élèves de contester leur note avant d’avoir passé l’ensemble des épreuves du Bac est une première avancée. Il y aura un peu plus de sérénité dans les établissements, car cette mesure permet la mise à distance entre la contestation (toujours possible), et la remise de la note.
Par ailleurs la numérisation des copies permet aussi de prendre du recul en facilitant des échanges de copies anonymes entre collègues d’un même établissement ou entre établissements proches dans certains cas.
Pour autant, les craintes et les éventuelles difficultés liées à la correction de copies numérisées ne doivent pas être traitées par le mépris.
Enfin la note revient sur l’archivage des copies papier au-delà de la seule session de l’E3C concernée.
Clarifier la reconnaissance financière de la charge de travail induite
Cette reconnaissance d’une charge de travail supplémentaire doit exister et être annoncée concrètement, rapidement, à la fois pour les enseignants (choix des sujets, appropriation des grilles de correction, temps de correction…) et pour toutes les autres catégories de personnels participant à l’organisation matérielle des épreuves.
Il est urgent de publier les textes réglementaires précis qui lèveront les incertitudes et les tentatives de rémunérations bricolées ( IMP , HSE…).
Sur ce point, le ministère s’est engagé auprès des organisations syndicales en affirmant qu’une enveloppe avait bien été budgétisée pour permettre la rémunération de ce travail supplémentaire. Reste à en connaître le montant effectif.
Peser sur l’organisation pour alléger la charge de travail
Au-delà des consignes de cadrage des passations d’épreuves, les établissements doivent avoir la main pour les modalités pratiques.
Pour être efficaces et adaptées, elles doivent se décider au plus près des acteurs : les modalités doivent pouvoir être différentes si le lycée a 4 classes de 1ère ou 11, si tous les collègues d’une équipe disciplinaire partagent ou non l’enseignement, selon les transports scolaires, les autres aspects de la vie de l’établissement (AP, voyages, ateliers…).
En Ile de France en particulier, il importe que le dernier mot revienne aux établissements et non au SIEC en ce qui concerne les modalités de passage et de répartition de la charge de correction.
Lever les inquiétudes des enseignants c’est lever un partie du stress des élèves et de leurs familles…
Les modalités de passation doivent sécuriser l’élève sur la demi-journée où il passe l’épreuve, sans arrêter toute la vie de l’établissement et sans compromettre les actions diverses menées par les uns et les autres. Elles doivent aussi tenir compte de délais raisonnables de correction pour les enseignants.
Un conseil pédagogique exceptionnel réuni sur le temps scolaire sur ce sujet doit permettre des temps d’appropriation et de prise en compte des réalités de chacun. C’est comme cela qu’on peut lever les inquiétudes des personnels et non à coup de circulaires et de décisions descendantes. Or lever les inquiétudes des enseignants c’est lever un partie du stress des élèves et de leurs familles.
Revendiquer pour avancer
Pour le Sgen-CFDT, il faut continuer à réformer la réforme, et obtenir :
- Alléger le temps de travail des correcteurs avec la mise à disposition de corrections types
- La création d’un secrétariat d’examen avec une enveloppe conséquente de rémunération des acteurs qui feront face à la charge de travail, aux responsabilités induites et à l’aménagement du format et des conditions de passations des élèves.
- Une reconnaissance financière pour les enseignants concernés par ces épreuves cumulatives (comme pour les copies de bac actuellement).
- Des équipes de direction complètes (avec a minima 1 adjoint par établissement), afin de coordonner correctement l’ensemble de ces épreuves.
- Pas de sur-contrôle de ces temps par les hiérarchies intermédiaires la main doit être laissée réellement aux établissements pour l’organisation pratique (dates, modalités…).