Communication des personnels de direction Sgen-CFDT de l’académie de Versailles
Des moyens rabotés, des moyens rendus, la confiance rompue.
Le 29 avril, une annonce soudaine et brutale de M. le Recteur nous informait que l’application ASIE, qui permet la rémunération des HSE* était fermée en attente de « réajustement ». Après la disparition des enveloppes du Pacte, ceci constituait une nouvelle atteinte à l’autonomie des établissements et à la capacité à mettre en œuvre une politique d’établissement. Au national, le Sgen-CFDT est intervenu très vite auprès de la ministre. Et tout aussi soudainement, sous cette pression syndicale et médiatique, le 1er mai, le gouvernement annonce l’abandon de cette mesure. Bien sûr, nous nous en félicitons et sommes soulagés. Mais jusqu’à quand ? Car le déficit budgétaire subsiste.
La méthode fragilise la confiance de tous les personnels, et d’abord des chefs d’établissements, quant à la parole de nos dirigeants. Elle instaure durablement un climat d’incertitude sur l’avenir. Elle instaure le fait que l’Etat peut aujourd’hui s’autoriser sans sommation, sans concertation aucune, au mépris des instances, à ponctionner en cours d’année scolaire les moyens alloués aux établissements. S’il recule cette fois-ci, temporairement, sur les HSE, il l’a fait pour le Pacte.
En même temps que l’Etat multiplie les annonces de dépenses nouvelles (rémunération des stages de LP, postes enseignants pour les groupes « de niveaux », pour ne parler que de l’Education Nationale), au rythme de réformes qui s’empilent, il a envoyé aux enseignants, aux familles et aux chefs d’établissements, le signal fort d’un objectif de restriction des moyens à rebours des discours affichés, sur fond de déni de l’autonomie des établissements. Dans ce contexte, quelle crédibilité pouvons accorder aux annonces médiatisées de « nos » ministres de l’Education Nationale ?
Notre inquiétude n’est pas atténuée par l’abandon de la mesure sur les HSE. Nous savons qu’il y a un déficit budgétaire à réduire et nous prévoyons de nouveaux rabotages, sans savoir quelle forme ils prendront. Ce qui nous heurte le plus est la méthode. Si la loyauté constitue un pilier fondamental de notre dynamique professionnelle, elle implique un engagement mutuel. Ce principe n’est pas unidirectionnel, il est nécessairement réciproque.
Nous nous attendons maintenant à apprendre à n’importe quel moment de l’année que nos moyens de fonctionnement sont ponctionnés, sans préparation, sans savoir à l’avance quels établissements, sur quelles enveloppes, pour quels montants.
Piloter c’est, entre autres, anticiper. Or nous avons compris que les échéances politiques déterminent aujourd’hui les choix et les annonces du pouvoir exécutif. Le pilotage à courte vue du système éducatif que nous subissons depuis plusieurs mois devient, tout en sapant les bases mêmes de notre institution, une véritable incitation à l’inertie collective. Où trouver la motivation pour nous investir, nous engager et mobiliser nos équipes, dans un tel flou, une telle rupture de la confiance ? Comment, dans cette incertitude, organiser l’année prochaine, construire des emplois du temps, envisager des dispositifs d’accompagnement, si nos dotations sont susceptibles sans préavis de réduire au fil de l’eau ?
Nous, Personnels de Direction, refusons cette politique à la petite semaine, électoraliste. Nous dénonçons la maltraitance des personnels qu’elle entraîne, qui aboutit à leur démotivation, à leur défiance et ainsi à la dégradation du service public d’éducation.
communication Perdir CFDT HSE 2 mai 2024 à télécharger
*HSE: heures supplémentaires effectives
Lire l’article publié par le Sgen-CFDT Versailles:HSE, IMP, un retrait et puis finalement sans doute pas: un feuilleton incroyable et inacceptable
Lire la lettre ouverte adressée à Nicole Belloubet par Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale de la fédération des Sgen-CFDT