« Encore une journée ? », allez-vous dire... Malheureusement oui ! Cette année c'est le 6 novembre. Un peu mieux que l'an passé (2 novembre), mais la même date qu'en 2018. A ce rythme-là, l'égalité salariale entre les femmes et les hommes en France ce ne serait pas avant 2190...
Inégalités salariales …
En France, à poste et temps de travail égal, les femmes gagnent 9 % de moins que les hommes.
Tous postes confondus, l’écart salarial est de 16,8 %.
Et plus on s’élève sur l’échelle des salaires, plus les écarts entre femmes et hommes sont grands. Dans ces analyses, tous les postes sont considérés en temps plein.
Or, les femmes occupent 85 % des temps partiels.
Et pourtant, elles ont globalement un niveau d’éducation plus élevé (62 % contre 52 %). Une grande partie des inégalités de genre se logent donc dans ces différences structurelles
(Source : Terra Nova, 2021). D’où l’idée d’un Unequal Pay Day » pour les mettre en lumière.
…dans la Fonction Publique comme ailleurs
« Mais dans la Fonction Publique, les femmes sont prémunies! me direz-vous, nous avons le point d’indice. »
Et bien non, le point d’indice ne protège pas les femmes des inégalités salariales, car les inégalités ne viennent pas du point d’indice mais des carrières: temps partiels, heures supplémentaires, congés parentaux, disponibilités, postes « prestigieux », tous ces éléments sont en défaveur des femmes du point de vue des rémunérations. Les salaires des hommes dans l’enseignement sont ainsi supérieurs de 13% aux salaires des femmes (source: enquête de l’Observatoire des Rémunérations et du Bien-Etre). Ce « plafond de verre » existe dans la Fonction Publique comme ailleurs.
De plus, les femmes sont sur-représentées dans des métiers mal rémunérés, et mal considérés. C’est le « plancher collant », moins que connu que son homologue le « plafond de verre ». Dans l’Education Nationale elles sont par exemple très majoritaires à enseigner dans les écoles dites « maternelles », subissant des propos dégradants de la part de certains personnels politiques qui méconnaissent leur professionnalisme et l’ensemble des tâches qui leur incombe. Est-ce un hasard si les enseignant·es ont vu leur rémunération chuter ces dernières années, quand la majorité des enseignant·es sont des enseignantes? On peut poser la question.
… Inégalités de retraites
Les écarts de pension de retraite entre les femmes et les hommes sont plus importants pour les retraitées du secteur privé que pour celles du secteur public, et ce, pour les retraites les plus faibles comme les plus élevées.
Les retraites moyennes des femmes sont égales à un peu plus de la moitié de celles des hommes dans le secteur privé, alors que dans la fonction publique, elles représentent en moyenne 80 % de celles des hommes (Source : Ined 2021).
Il faut retenir que les inégalités de pension subsistent dans les deux secteurs.
L’Unequal Pay Day, c’est donc le jour à partir duquel les femmes « travaillent gratuitement ». Une façon complémentaire de se représenter ce fameux écart de salaire moyen, soit deux mois pendant lesquels le travail des femmes revient à faire du bénévolat jusqu’à la fin de l’année, comparativement aux hommes.
Le travail domestique, un travail gratuit
Enfin, c’est rarement une volonté des femmes que de subir des temps partiels, un nombre moindre d’heures supplémentaires, … : enfants, ménage, linges, courses, …. La majorité des tâches domestiques incombe encore aux femmes et a un impact sur leur carrière, ce travail gratuit n’étant tout simplement pas rémunéré. Dans les ménages hétérosexuels, cela participe au fait que les conjoints puissent déployer leur potentiel professionnel, tandis que leur conjointe gère la majorité du travail domestique.
En effet, contrairement aux idées reçues, les inégalités de répartition entre les deux sexes ne se réduisent que très lentement.
La comparaison des données avec une étude réalisée par l’IFOP montre que la proportion d’hommes n’effectuant aucune tâche n’a quasiment pas bougé en une quinzaine d’années.
Taxe rose
Est-ce que c’est tout? Non. Avez-vous entendu parler de la « taxe rose »? Il s’agit de la différence de prix que l’on peut constater sur deux produits différents, dont l’un est destiné aux femmes. Cas classique: deux rasoirs sont en rayon. L’un est le rasoir standard, bleu / noir, bref, c’est le rasoir lambda. L’autre est le rasoir rose, le rasoir « pour femmes », le rasoir particulier : il est donc plus cher. Voilà la « taxe rose ». Le ministère de l’Économie, de son côté, a affirmé en 2015 que cette « taxe rose » n’était pas avérée, et que la différence viendrait de la manière dont les produits sont mis en valeur. Il faudrait donc plutôt mettre le marketing genré en cause. Est-ce que cela fait une différence pour le porte-monnaie des femmes? Les sorties régulières sur les réseaux sociaux tendraient à montrer que non.
Les femmes gagnent donc moins d’argent que les hommes, mais en plus, elles paieraient plus cher un certain nombre de produits qui leur seraient destinés.
Le Sgen-CFDT revendique de longue date une politique ministérielle d’égalité salariale exigeante qui permette la résorption durable des écarts et qui s’engage à tout mettre en œuvre pour :
- équilibrer les recrutements des femmes et des hommes sur les postes les plus rémunérateurs,
- équilibrer l’attribution des heures supplémentaires et de certaines primes ou indemnités individuelles qui creusent les écarts,
- veiller à une articulation entre la vie professionnelle et la vie personnelle sans pénaliser les agent.e.s qui font des choix familiaux à certains moments,
- faire évoluer les représentations et les habitudes de vie de notre société vers un partage équilibré des activités domestiques et familiales.
De ce point de vue-là (aussi), le « Pacte enseignant » est très loin d’être un vecteur de progrès!!
Lire et signer la pétition et les mesures proposées par le collectif Les Glorieuses.
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Consulter notre dossier « égalité professionnelle ».