Les Sgen-CFDT d'Ile de France (académies de Créteil, Paris et Versailles) dressent le bilan d'une rentrée difficile pour l'ensemble des personnels.
Pénurie de personnels
Cependant, soyons honnêtes, même si nous nous y attendions : c’est une rentrée difficile pour l’ensemble des personnels de l’Éducation Nationale. Dès le dernier trimestre de l’année scolaire 2021-2022, le Sgen-CFDT se demandait qui allait faire classe à nos élèves à la rentrée 2022. Nous y sommes et force est de constater que la question reste malheureusement d’actualité. Le battage médiatique des dernières semaines venant confirmer ce que nous savons déjà depuis un moment dans nos académies : la pénurie de personnels dans les métiers d’éducation au sens large est réelle, ce qui n’est pas sans conséquence en terme de qualité de vie au travail dans les établissements et dans les administrations et ce, dès septembre.
Après un été particulièrement chaud et sec, nous avons tous et toutes commencé à prendre conscience concrètement de ce que signifiait vivre dans un monde plus chaud. Cet automne, nous risquons de voir l’effet concret du manque d’enseignant·e·s, et plus largement de toutes les catégories de personnels dont on parle moins et qui œuvrent dans les écoles, les établissements, les services, et plus encore que les deux trois dernières années écoulées.
Et il en va de l’Éducation Nationale et de l’enseignement supérieur comme des nappes phréatiques asséchées, des cours d’eau diminués et des lacs de barrages vidés : ce ne sont pas deux ou trois épisodes de pluie qui suffiront à régler le problème.
Il est beaucoup question de l’embauche massive de contractuel·le·s, formé·e·s à la va-vite. Évidemment mieux vaut quelques jours de formation qu’aucun, comme cela se pratique habituellement sans que cela déchaîne les médias, et certain·e·s y compris parmi les organisations syndicales feignent de le découvrir. Quatre jours, c’est évidemment très insuffisant, surtout pour des personnels qui, sans perspective de titularisation, sont bel et bien des travailleur·se·s précaires, surtout quand pour certaines d’entre elles et certains d’entre eux il faut plusieurs mois avant que leur situation financière soit stable, c’est-à-dire toucher 100% de son salaire à la fin du mois.
Une attractivité à restaurer
Cette rentrée révèle de façon évidente que c’est bien la restauration de l’attractivité de nos métiers
qui est en jeu, comme c’est d’ailleurs le cas dans nombre de pays, en Europe et ailleurs. En France, la
politique menée ces cinq dernières années a accéléré cette tendance à la désaffection.
La question des rémunérations demeure incontournable et plus que jamais d’actualité, mais il ne faut pas se cacher que la crise de sens ou encore la gestion calamiteuse des « ressources humaines » n’y sont pas pour rien.
Et à ce propos, il y a beaucoup à dire sur la façon dont sont traité·e·s les lauréat·e·s des concours qui deviennent stagiaires en cette rentrée mais aussi sur certain·e·s néo-titulaires et/ou TZR. De nombreux stagiaires se retrouvent mal affecté·e·s, suivant des règles obscures, sur des quotités qui ne correspondent pas toujours à leurs statut, désaffecté·e·s et réaffecté·e·s très tardivement, parfois même après avoir rencontré des élèves le 1er septembre… L’académie de Versailles a ainsi dénombré plus de 250 stagiaires réaffecté·e·s. Dans l’académie de Créteil, plusieurs néo-titulaires TZR se sont retrouvé·e·s affecté·e·s hors zone, à plusieurs dizaines de kilomètres de leur établissement de rattachement administratif. Dans l’académie de Paris, de nombreuses et nombreux TZR, habituellement affecté·e·s à l’année n’étaient pas affecté·e·s après la rentrée. Quel accueil de la part de l’institution !
Des signaux contradictoires
De son côté, le pouvoir exécutif envoie des signaux assez contradictoires et nous sommes forcé·e·s de rester sur le qui vive face aux annonces concernant notamment la titularisation des contractuel·le·s, le collège et la réforme de la voie professionnelle…
Le Sgen-CFDT sera particulièrement vigilant sur les modalités de la future réforme de la voie professionnelle.
Même si nous sommes persuadé·e·s qu’il est nécessaire de susciter des vocations chez les élèves, nous sommes opposé·e·s à l’augmentation des temps de stage qui, sans hausse de la durée de formation, se fera au détriment des matières professionnelles et de l’enseignement général. Les élèves de la voie professionnelle doivent bénéficier a minima du même nombre de cours théoriques qu’actuellement pour permettre à celles et ceux qui le souhaitent de réussir sur une poursuite d’études post bac. Nous serons également vigilant·e·s sur la refondation des cartes de formation qui ne manquera pas d’intervenir puisque le chef de l’État a pour objectif de « ré-arrimer très en profondeur et en amont le lycée professionnel avec le monde du travail ». Les adaptations devront se faire dans la durée pour permettre la concertation avec l’ensemble des partenaires sociaux, et des acteur·rice·s de l’éducation. Surtout, le ministère devra anticiper les évolutions et prévoir de véritables plans de formation pour permettre aux professeur·e·s de lycée professionnels d’être accompagné·e·s dans les changements.
Dans un autre registre, bien que les travaux dans les établissements ne figurent pas directement à l’ordre du jour, nous aimerions savoir ce qui est prévu pour le lycée Maximilien Perret d’Alfortville encore bien fragilisé par les orages de juin 2021.
Enfin, en cette rentrée encore marquée par le covid, nous aurions pu faire un copier-coller de nos déclarations précédentes puisque la question de la qualité de l’air dans les établissements scolaires n’a toujours pas été prise en compte. Faire cours la fenêtre ouverte pour espérer travailler dans une atmosphère saine sera donc encore d’actualité cet automne et cet hiver, ce qui demeure une aberration écologique et économique à l’heure où la sobriété énergétique est une urgence vitale et politique.