Le premier ministre s’est exprimé. Partout, dans les zones « tendues » comme ailleurs, les établissements scolaires resteront ouverts. Enfin, à voir…
Pour les personnels des établissements, aucun message, zéro signal...
Bien sûr, une phrase au détour d’un discours n’y ferait rien, mais ce serait au moins le début du minimum dû. C’est qu’il ne suffit de vouloir que les écoles restent ouvertes, il faut encore (s’) en donner les moyens.
Dans notre académie, partout ou presque, dans les écoles, les collèges, les lycées, le nombre de cas confirmés cumulés chez les élèves et parmi les personnels est bien plus élevé depuis la reprise du 1er mars qu’il n’avait été en 6 semaines entre les vacances de Noël et celle de février. Même chose pour les cas contacts. C’est la dynamique épidémique.
Un exemple ? Dans l’Essonne le nombre de cas confirmés « officiellement » (et communiqués en CHS-CT) parmi les élèves du département était de 285 le 10 mars. Le 18 mars, c’était 614… Dans le même département, ce sont actuellement plus de 2500 collégiens qui sont en éviction.
De plus en plus d’élèves en éviction, de personnels arrêtés ou en distanciel, de classes voire d’établissements fermés, et cela quoique les décisions se fassent parfois attendre. Les chiffres du ministère lui-même montrent cette réalité, si l’on compare le point de situation de ce vendredi et celui de la semaine passée. Et pourtant tous les cas ne sont pas notifiés…
Au Sgen-CFDT, notre demande n’est pas de fermer tous les établissements et de renvoyer tout le monde à la maison. Nous savons trop les conséquences scolaires, sociales, morales de l’absence de scolarisation « physique ».
Mais il faut tirer toutes les conséquences de ce parti-pris, de cette priorité aux écoles. Elle ne peut se réaliser au prix de la santé des personnels.
Sans rentrer dans les métaphores guerrières qui mêlent la chair à canons aux lignes de défense et d’assaut, force est de constater que travailler dans un établissement scolaire en ce moment, c’est être exposé, et c’est parfois être très exposé, notamment quand on travaille avec les classes maternelles, quand on est AESH, quand on surveille la demi-pension, quand on est un personnel plus âgé…
Ce qui est choquant, ce n’est pas qu’on laisse les écoles ou les classes ouvertes mais qu’on dise ou qu’on fasse comme s’il ne s’y passait rien en matière de transmission de Covid-19 ; et que l’on n’envoie aucun message sérieux, réaliste, attentif aux agents qui assurent la continuité…
Nous avons déjà alerté, interpellé, remonté des situations particulièrement critiques, par exemple lors du CHSCTA du 9 mars dernier. Et nous continuons.
Il est plus que temps que les personnels qui travaillent dans les établissements scolaires bénéficient enfin d’une protection à la hauteur de la situation. En fournissant des masques chirurgicaux voire FFP2 en fonction des situations aux personnels qui souhaitent s’en équiper en lieu et place de masques tissus. En accordant une priorité vaccinale pour toutes celles et ceux qui travaillent au contact du public, à commencer par les plus exposé.es.
D’autres mesures sont nécessaires, mais les équipements de protection et la politique vaccinale relèvent des obligations de l’Etat en tant qu’employeur, qui doit sortir d’une forme de pensée magique. Non, les écoles ne restent pas ouvertes « toutes seules ».
Travailler dans un établissement scolaire en ce moment, c’est aussi devoir composer et travailler dans le brouillard avec des contraintes multiples, des urgences sans cesse, des injonctions contradictoires… Nous pensons particulièrement aux volte-face en EPS, aux lycées qui avaient repris en groupes entiers cette semaine, non sans pressions, à la complexité de la tâche des directeurs et directrices d’école pour signaler les cas, à la difficulté partout de jongler entre les présent.es et les absent.es… Liste des situations non exhaustive bien sûr puisque tout est à l’avenant.
A côté des arrêts de travail « Covid », il en est tant d’autres qui sont liés à l’épuisement professionnel. Et il y a tous les personnels, tou.te.s les collègues qui tiennent encore, pour combien de temps?
Il est plus que temps de mettre en œuvre de véritables adaptations de notre système scolaire (et universitaire). Lire à ce propos les demandes que nous portons au niveau national.
Dans les académies franciliennes, le non remplacement des enseignant.es et des autres catégories de personnels atteint un stade jamais vu, avec les conséquences sanitaires, les incohérences de brassage d’élèves et le surcroît de travail pour les personnels restants que l’on sait. Parfois, temporairement, quand les adultes ne sont pas assez nombreux dans un établissement, cela devrait conduire à sa fermeture. Au-delà de cette approche de crise et de court terme, c’est surtout d’une politique de fond en matière d’attractivité des métiers qu’il est besoin, et ce déjà bien avant la pandémie. La surdité de notre administration face aux conditions de travail très dégradées et aux craintes bien légitimes des personnels pour leur santé creuse un peu plus encore le fossé.
Nous invitons les collègues à s’organiser, à s’exprimer et à échanger afin que les protocoles sanitaires ou recommandations des professionnels de la santé et des préventeurs soient respectées.
Nous invitons les collègues à demander des temps de concertation et d’échanges en lien avec les protocoles sanitaires mais aussi avec l’actualisation annuelle et obligatoire du Document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP) et en présence de préventeurs afin de pouvoir faire un état des lieux de l’information qui parvient aux collègues, de l’usage des espaces, des jauges dans les classes, de l’aération des locaux, de l’organisation liée au temps du repas, du protocole à mettre en œuvre dans l’établissement en cas de suspicion Covid, du besoin d’information des collègues…
Les militantes et militants du Sgen-CFDT de l’académie sont prêt.es à vous conseiller et à vous soutenir dans ces démarches.