Le Sgen-CFDT reçu en audience par la rectrice: compte-rendu

Ce vendredi 30 septembre, pendant presque 2h30, plusieurs membres de la commission exécutive du Sgen-CFDT Versailles ont été reçus par la rectrice, le DRH, le secrétaire général et deux doyens des corps d'inspection pour la traditionnelle audience bilatérale "de rentrée".

C’est effectivement l’occasion de dresser un bilan de cette rentrée et des problèmes qui demeurent, de porter inquiétudes et revendications des et pour les agents, sur des sujets d’actualité et de fond. L’occasion aussi de porter des cas individuels et des situations d’établissement.

Voici un rapide compte-rendu, sur certains points saillants de cette audience.

Sur les entrées dans le métier

Dans la continuité de nos précédentes interventions, en comité technique académique de rentrée, en instances départementales, en audiences auprès des DSDEN, nous avons interpellé à la fois sur la situation des stagiaires et sur celle des (nouveaux) personnels contractuels.

Concernant les personnels stagiaires, nous sommes revenus et avons dénoncé :

  • les très nombreuses désaffectations et réaffectations tardives, y compris parfois en REP
  • leurs conséquences professionnelles, personnelles et financières pour les intéressé.es. Par exemple, commencer à s’entendre avec un collègue pour un partage de service en GS et se retrouver le 2 septembre en charge à plein temps d’une classe de CM1, louer un appartement à côté de son collège d’affectation initiale et se retrouver à 2h de transports en lycée…
  • les problèmes de lisibilité et de charge de travail excessive dans l’articulation entre temps en école ou établissement et temps de formation, en réalité pour tous mais plus particulièrement pour le stagiaires affectés à plein temps
  • et tout dernièrement, le non versement du salaire de septembre à des collègues stagiaires, en particulier des PES des Hauts de Seine, même lorsqu’ils avaient fourni en temps utile les documents demandés.

L’ensemble de ces difficultés et dysfonctionnements cumulés font des conditions bien médiocres d’entrée dans le métier, bien peu à même de renforcer son attractivité. Quelques collègues stagiaires ont d’ores et déjà démissionné et davantage s’interrogent, nous le savons…

Concernant les personnels contractuels nouvellement recrutés, des démissions là aussi sont déjà enregistrées, dans des proportions qui ne sont pas anecdotiques. La rectrice reconnait des démissions, en particulier parmi les contractuels du premier degré. Elle avance que les motivations en seraient essentiellement pécunières, ce qui n’est évidemment pas surprenant, mais nous pensons que les conditions d’exercice et la découverte brutale des réalités du métier y aussi pour beaucoup.

Le Sgen-CFDT continue de revendiquer un vrai temps d’entrer dans le métier et d’accompagnement, qui ne doit pas reposer sur des équipes mises devant le fait accompli avec la charge d’accompagner bon gré mal gré des personnels contractuels débutants. 4 ou 5  jours de formation ne sauraient suffire et le rectorat reconnait la nécessité d’une « acculturation plus longue »!

Le rectorat indique continuer à procéder au recrutement de nouveaux personnels contractuels, ce qui est effectivement bien logique compte-tenu des besoins non couverts.

Sur les manques en personnels, encore et toujours

Au nombre de postes « officiellement » vacants, où aucun personnel n’a été affecté, il faut ajouter tous ceux qui sont occupés administrativement, mais où le collègue en poste n’est pas présent (congés longs notamment). Et là le nombre grimperait considérablement!

Les moyens de remplacement sont déjà largement utilisés pour assurer les rompus de temps partiel et de décharges de service (en particulier les décharges de direction dans le premier degré). Quel.les remplaçant.es alors pour faire face aux absences plus ponctuelles et moins prévisibles (et même parfois très prévisibles comme des congés maternité)?

Nous avons interrogé la rectrice sur les refus de détachement: des collègues aux projets solides qui demandent un détachement vers l’enseignement supérieur surtout et se le voient refuser. Nous avons échangé longuement sur cette question, qui met en tension les besoins de l’enseignement supérieur, ceux de l’enseignement scolaire et les aspirations  et projets de carrière des personnels concernés.

La rectrice indique que sur 283 demandes, 196 départs en détachement ont à ce jour été accordés vers des postes de PRAG/PRCE, des postes d’ATER ou des contrats doctoraux. Elle souligne que certaines disciplines sont particulièrement mises en tension, par exemple en philosophie où le nombre de collègues qui a obtenu détachement est presque deux fois plus élevé que le total des collègues de philosophie affectés à Versailles par le précédent mouvement.

Nous reconnaissons les efforts du rectorat pour « laisser partir » des collègues vers le supérieur, mais nous maintenons que sur ce dossier il faut progresser dans la transparence en matière de délais de réponses, de voies de recours et surtout de critères qui assoient la décision d’accorder ou pas le détachement demandé.

Nous tirons aussi la sonnette d’alarme: des collègues en refus de détachement, que l’on retient parce que l’académie a besoin d’elles et eux face aux élèves, envisagent très sérieusement la démission, l’abandon de poste, et parfois franchissent le pas. Quel bénéfice alors pour le service public d’éducation?

Sur la communication avec et la gestion des personnels

Nous avons dit, redit que trop d’agent.es qui ont besoin de joindre et d’obtenir des réponses de leur employeur. Joindre son ou sa gestionnaire, obtenir des réponses précises à ses interrogations légitimes, c’est souvent mission impossible. Ces dysfonctionnements, nous le savons, sont pour partie à lier avec la surcharge de travail de personnels administratifs en sous-effectifs. A l’heure où notre académie met en place une « RH de proximité », force est de constater que les collègues confrontés au silence ou à des messages par trop verticaux et injonctifs ne se sentent pas considérés.

Nous avons interpellé sur des situations d’établissements compliquées, où les tensions sont particulièrement fortes et les personnels en souffrance, que ces établissements soient mis en avant médiatiquement ou pas.

Nous avons porté les inquiétudes des personnels des CIO fusionnés sur un même site, avec des difficultés de locaux, de conditions de travail, d’accessibilité pour les personnels et les usagers.

D’une façon générale, la « gestion des ressources humaines » est un enjeu majeur et se doit d’être véritablement humaine.

Ce n’est pas toujours su: une délégation d’enquête du CHSCT académique a travaillé longuement sur l’assassinat de Samuel Paty au collège du Bois d’Aulne, les faits qui ont précédés et suivis. Le travail de la délégation a permis notamment d’élaborer des préconisations, qui ont vocation à être connues et mises en oeuvre. A l’approche de la date du 16 octobre, nous avons plaidé pour que ces préconisations soient portées à la connaissance et largement diffusées auprès de l’ensemble des personnels de notre académie. La rectrice a indiqué que cela aurait lieu, selon des modalités à déterminer encore.

Sur la sobriété énergétique et  les conditions de travail

Contexte internationale de tension sur les énergies et enjeu de transitions obligent, nous avons interrogé la rectrice sur les consignes et disposition en matière de chauffage dans les services déconcentrés comme dans les écoles et établissements.

Pour ce qui est des personnels en rectorat et DSDEN, nous avons indiqué qu’imposer de nombreuses journées de télétravail aux personnels pour éviter de chauffer les locaux ne pouvait être une solution. Cela dégraderait leurs conditions de travail et reporterait sur elles et eux la « charge énergétique ».

La rectrice a affirmé qu’il n’était pas envisagé de recourir davantage au télétravail cet hiver (chiffres donnés: 70% des agent.es télétravaillent volontairement au moins une journée par semaine, et généralement une seule). Elle a indiqué que le rectorat se devait d’être exemplaire sur ce plan, que la norme serait à 19 degrés, avec en parallèle un plan mobilités.

Dans les écoles et établissements, un guide des bonnes pratiques est (re)diffusé et des fonds sont annoncés au niveau national pour le bâti scolaire. Nous avons insisté sur:

  • la nécessité d’une coopération active avec les collectivités territoriales
  • la nécessité de prendre en compte la diversité de situation des écoles et établissements. Certains restent de véritables passoires thermiques et les enjeux de sobriété ne sauraient justifier des conditions de travail et d’apprentissage très dégradées
  • la nécessité de continuer à aérer les locaux, toujours, régulièrement, parce que Covid et compagnie…

Sur l’accompagnement de tous les élèves

Les manques de personnels évoqués plus haut sont particulièrement criants parmi les psy-EN et les personnels médico-sociaux. Cela a bien évidemment des conséquences sur le suivi des élèves.

Nous avons interpellé sur le nombre d’élèves sans solution et les ouvertures tardives de classes, parfois nettement après la rentrée scolaire, avec les conséquences en terme de charge et de conditions de travail. La question se pause en particulier:

  • au passage de 3ème en 2nde pro
  • au passage en filière STMG
  • sur la situation des redoublants de terminale

Sur les CLA (contrats locaux d’accompagnement), nous avons demandé si ce dispositif était toujours d’actualité ou rebattu par les annonces présidentielles. Rien n’est certain encore…

Nous avons fait part de nos vives inquiétudes quant aux annonces sur la voie professionnelle, en particulier les annonces autour de l’augmentation importante des périodes de formation en entreprise, alors que nos élèves ont déjà du mal à trouver des stages et plus encore des stages véritablement formateurs.