Déclaration CFDT au CSA du 28 mai 2024

Déclaration liminaire lue en ouverture du CSA académique portant sur la répartition des moyens en AED à la rentrée scolaire, le plan de formation académique, la présentation du rapport social unique 2022 de l'académie et la carte des formations sportives.

Monsieur le Recteur, mesdames et messieurs les représentant.es de l’administration et des organisations syndicales représentatives,

[Changement de nom de la fédération, des valeurs et un engagement inchangés]

Depuis la tenue du dernier CSA académique, la fédération des Sgen-CFDT est devenue la fédération CFDT Education Formation Recherche Publiques. Notre syndicat Sgen-CFDT de l’académie de Versailles sera amené à modifier son nom statutaire dans les mois qui viennent et notre expression verra donc cohabiter les deux dénominations pendant quelques temps. Ce changement de nom n’est en rien un changement de cap, mais bien plutôt une clarification de nos engagements pour représenter tous les personnels, sans les opposer, et pour un service public de qualité, dans l’éducation, de formation et de recherche publiques, un service public qui porte haut l’ambition de la mixité, de l’émancipation et du progrès pour toutes et tous.

[ Contre le choc des savoirs]

En particulier, nous maintenons notre opposition au mal nommé « choc des savoirs », dans sa vision de l’Ecole et de la société comme dans les effets concrets des mesures annoncées.  La CFDT Education Formation Recherche Publiques et ses syndicats Sgen-CFDT s’opposent clairement à la promotion d’une école passéiste et stigmatisante. L’Ecole publique doit promouvoir et mettre en oeuvre l’inclusion et la mixité, pas le tri et la ségrégation. Notre fédération maintient le recours déposé devant le Conseil d’Etat car l’arrêté contredit des passages du code de l’Education auxquels nous tenons, parce qu’ils traduisent la confiance dans l’expertise des professionnels pour s’adapter aux besoins éducatifs des élèves, dans le cadre de l’autonomie dévolue aux établissements.

 [ Des situations ubuesques et alarmantes en cette fin d’année et pour la rentrée et l’année scolaire à venir]

A l’ordre du jour du CSA de ce jour, plusieurs points qui conjuguent le regard dans le rétroviseur et la projection vers la rentrée et l’année scolaire prochaine, pour laquelle nous devons exprimer de vives inquiétudes, de même que pour cette fin d’année scolaire.

Médecine scolaire

Ces inquiétudes n’ont rien de très original dans cette enceinte nous direz-vous, et il est vrai que nous alertons par exemple depuis longtemps sur les effets cumulatifs du manque d’attractivité de nos métiers dans l’académie, avant que cela ne devienne un sujet national. Toutefois, avec les remontées qui nous arrivent de toutes parts, comment ne pas affirmer qu’il y a quelque chose d’Ubu dans le royaume académique de Versailles. Quelques points sans viser à l’exhaustivité :

  • Sans surprise, et contrairement aux paroles rassurantes mentionnées au compte-rendu du CSA de fin février, la mise en place de stages en entreprises sur la dernière quinzaine de juin pour les élèves de seconde générale et technologique met en difficulté élèves et familles, personnels et établissements. De nombreux lycéens, voire une majorité, n’ont à ce jour pas trouver de sésame. Les personnels, en particulier les professeurs principaux de seconde, les personnels administratifs en EPLE et les personnels de direction, assument une charge de travail démultipliée, et quid des élèves qui finalement seront sans solution ? Et ils seront nombreux. La pensée magique et la conviction que l’intendance suivra trouvent ici leurs limites, et nous pensons aussi aux élèves de la voie professionnelle ainsi mis en concurrence dans la recherche de PFMP, en particulier dans le secteur tertiaire.
  • Nous sommes saisis, et nous vous avons écrit à ce propos, par  des enseignant.es qui candidatent pour devenir formateurs en temps partagé à l’INSPE dont le dossier est retenu, mais qui finalement ne doivent pas se présenter à l’entretien car cette démarche d’évolution professionnelle serait a priori refusée par le rectorat. Pouvez-vous nous dire ce qu’il en est ?
  • Nous apprenons également qu’en cette fin d’année l’ensemble des personnels du premier degré qui enseignent actuellement en CP et CE1 seraient requis de participer tous ensemble à une formation relative à la Méthode Singapour en mathématiques, à très brève échéance. Un dispositif d’une telle ampleur nous interroge, à la fois sur la façon dont l’institution conçoit la formation continue dans le premier degré et sur la sécurité des très nombreux élèves dont les enseignants seraient simultanément indisponibles, au vu de l’état des brigades de remplacement.

Vous nous direz peut-être que ces deux dernières situations résultent du manque de personnel et d’attractivité dans nos métiers, en particulier dans les académies franciliennes, confirmé notamment par le fort déficit de candidat.es et d’admissibles au CRPE. Qu’il soit permis de douter que ce type de dispositions contribue à y remédier.

Nous examinons aussi aujourd’hui la répartition des moyens d’assistance éducative pour la rentrée scolaire. La logique est toujours la même : une enveloppe équivalente à celle de l’an passé, des ajustements en fonction d’un barème appelé à évoluer et des jeux d’équilibres en fonction des évolutions démographiques des départements.  Nous faisons le constat d’une sous-dotation chronique : comment dire à un établissement des Yvelines qu’il est « bien » voire trop doté en AED quand c’est juste assez pour faire « suffisamment bien » le travail au regard des besoins et des enjeux.  Dire cela, ce n’est pas nier les efforts colossaux à faire pour mieux doter l’Essonne et le Val d’Oise et mieux y pourvoir les postes existants, surtout au vu de situations d’établissement très inquiétantes.

[ PAF et RSU, des GT de qualité, mais…]

Deux des points à l’ordre du jour aujourd’hui, le rapport social unique et le plan de formation académique, ont fait l’objet de groupes de travail où les échanges ont été nourris et où un dialogue de qualité a pu se tenir, et où une partie de nos attentes ont été prises en compte. Nous voulons le souligner sans que cela vaille satisfecit en tout point.

Le RSU est un ouvrage important, tant par son volume en pages et la masse de travail nécessaire à son élaboration que  pour son utilité cruciale, car mieux connaitre c’est pouvoir mieux agir, même si la photographie de l’académie met du temps à être développée – c’est le RSU 2022- et que certaines zones restent floues. Il ne s’agit pas d’accéder au luxe statistique pour la beauté du geste, mais de disposer des leviers pour avancer, sur l’égalité professionnelle, dans notre académie plus féminisée encore que la moyenne nationale, avancer sur les enjeux de RPS et de QVT notamment. Le texte de loi indique : « le RSU est présenté en CSA et donne lieu à débat sur l’évolution des politiques de ressources humaines ». Saisissons cette occasion !

Formation continue en danger

Le catalogue proposé pour la formation continue est riche, il est à même susciter l’appétit de nombreux collègues, avec un bémol dans le 1er degré néanmoins. Pour autant, les conditions dans lesquelles les personnels vont pouvoir se former continuent de nous préoccuper, et il y a fort à craindre que nombreux aussi soient les collègues qui ne bénéficieront pas de formation continue dans des conditions soutenables, voire de formation continue tout court.

[ Elargir notre regard]

Dans cette enceinte, nous traitons de sujets d’éducation bien sûr. Les personnels de l’éducation sont aussi des et d’abord des citoyens, des citoyennes, qui forment des citoyens, des citoyennes. Il est légitime de porter notre regard plus loin à l’échelle de la France, de l’Europe du monde.

La confédération CFDT s’exprime quant à la situation au Proche-Orient et en particulier à Gaza, en dénonçant les violences et les atteintes au droit international, avec une expression qui rejoint globalement le texte lu en ouverture de séance par plusieurs OS.

Parmi les nombreux sujets qui peuvent nous préoccuper, la CFDT s’inquiète des positions idéologiques d’extrême-droite qui se banalisent dans l’espace public et de ce qui pourrait en résulter le 9 juin. A propos de la campagne électorale pour les élections européennes : nous souhaitons vous faire part de notre incompréhension quant au courriel reçu hier sur leurs adresses fonctionnelles dans l’ensemble des écoles, collèges, lycées, EREA et CIO des Hauts de Seine au moins, qui indique que « les fonctionnaires de l’État sont tenus de s’abstenir de participer à toute manifestation ou cérémonie publique de nature à présenter un caractère électoral ». Est-ce à dire que participer à un meeting électoral ou apposer des affiches est interdit à tout fonctionnaire ? Il nous semble que cette interprétation est erronée, et même qu’elle porte atteinte aux droits fondamentaux tels qu’ils sont énoncés dans le préambule de la constitution. Nous aimerions vous entendre à ce propos.

Nous vous remercions pour votre attention et vos réponses.

Quelques éléments d’échanges et en séance :

A propos du courrier envoyé sur le devoir de réserve des fonctionnaires

Le recteur indique qu’il s’agit du rappel d’une règle qui n’a rien de nouveau, qu’elle s’applique aux fonctionnaires qui ne peuvent prendre aux activités de fin de campagne électorale en tant que fonctionnaires  (en « utilisant » leur fonction ou statut) mais le peuvent bien évidemment en tant que citoyens. Nous maintenons que la formulation du courrier envoyée est équivoque et demandons à ce que cette précision fondamentale soit apportée de façon explicite !

A propos des postes d’AED dans l’académie et leur répartition

Aucun poste supplémentaire n’est prévu dans l’académie… alors même que plusieurs établissements supplémentaires ouvrent et que les situations d’établissements extrêmement inquiétantes sont nombreuses. Un « redéploiement » de moyens des 92 et 78 est opéré vers les 91 et 95. C’est certes logique compte tenu des évolutions mais ces vases communicants ne sont pas à la hauteur des besoins réels, dans aucun des départements. Par ailleurs, les éléments de barème qui servent à calculer les dotations sont pour certains à revoir, en particulier quand il y a des internats. Pour cette raison, la CFDT a voté contre cette répartition.

A propos d’une formation massive en juin à la méthode de Singapour pour des collègues du premier degré

Le rectorat indique positionner des temps de formation d’ici la fin de l’année. Au-delà des réserves que nous avons sur la transposition de cette méthode d’enseignement des mathématiques, sans les moyens qui vont avec, nous avons aussi des réserves sur la faisabilité de ces formations :

  • En toute fin d’année sans anticipation alors que c’est la période de restitutions de projets. Ce sont des moments importants pour les collègues, les élèves et leurs parents, pour la vie des écoles. Des formations de dernière minute ne doivent pas venir percuter ces aboutissements.
  • Les collègues en charge de CP et CE1 cette année n’en auront pas forcément l’an prochain
  • Les collègues ont déjà largement accompli leurs 108 heures annuelles (voire accompli le double !)
  • De nombreuses absences simultanées avec des viviers de remplacement à sec font porter une forte pression sur les collègues restant et mettent à mal la sécurité des élèves et des personnels.

A l’impossible nul n’est tenu ! L’administration en convient, dont acte.

A propos de la formation continue plus généralement

Nous sommes intervenus sur :

  • Les conditions de la formation, qui fait partie du service et ne doit pas conduire à intensifier encore le travail des collègues. Il est impératif que les lieux et jours de formation soient connus très en amont.
  • La nécessité que les thématiques d’égalité, de lutte contre les discriminations, de transition climatique notamment de l’intégrer de façon transversale dans les formations.

A propos de la formation initiale et des candidatures aux postes de formateurs INSPE en temps partagé

Le secrétaire général indique que les collègues qui candidatent sur ce type de postes doivent solliciter une « pré-autorisation », vu la contrainte de ne pas « découvrir » les postes dans le contexte de tension sur les RH… et qu’il a pu y avoir des « loupés » dans la procédure… Nous revenons vers les agent.es concerné.es sur leur information quant à cette procédure qui par ailleurs interroge.

Plus généralement sur la formation initiale, ce sera « au menu » d’un CSA prochain. A ce sujet et sur nos revendications lire notre article.

A propos du RSU

Nous ferons un article complet quand le document sera publié dans son intégralité par le rectorat.