Ce jeudi 8 septembre s'est tenu le premier comité technique de l'année scolaire 2022-2023, année qui verra cette instance disparaitre et se transformer pour devenir le CSA, après les élections professionnelles de décembre 2022.
A l’initiative de l’ensemble des organisations syndicales, le début du CTA a été consacré à la situation du lycée Joliot-Curie (Nanterre), où un collègue militant syndical a été suspendu peu après la rentrée, sans que des motifs en soient connus, et dans des formes très contestables. Une motion unitaire (à lire ici) a été présentée pour exiger que le collègue soit reçu et se voit notifier les motifs légitimes qui justifieraient cette mesure. Dans cette situation précise et dans cette attente, nous avons demandé sa réintégration.
Nous savons qu’il a d’ailleurs été reçu l’après-midi même, où des collègues grévistes du lycée étaient d’ailleurs rassemblés devant le rectorat pour soutenir leur collègue. Nous appelons le rectorat à agir dans le respect du droit y compris syndical, des procédures habituelles, et pour s’attacher à ramener la sérénité dans cet établissement.
Premier bilan de la rentrée scolaire
Nous pouvons rejoindre la rectrice quand elle constate que cette rentrée est plus sereine sur le plan sanitaire. Sur les autres plans en revanche nous ne tomberons pas d’accord.
Non pas que les difficultés soient nouvelles, mais l’inédit est dans leur ampleur (touchant tous les niveaux et toutes les régions) et leur médiatisation. Pas un jour aussi sans un article sur des profs en souffrance qui démissionnent ou envisagent de le faire. Et à l’Éducation Nationale, les enseignant.es sont la forêt assoiffée qui cache la toundra des services administratifs et médico-sociaux, pas mieux lotis.
Comme chaque année, nous avons voulu éviter tout catastrophisme stérile tout en relayant les inquiétudes de nos collègues face aux projets gouvernementaux : sur la revalorisation salariale, l’avenir de la voie professionnelle, les transformations de nos métiers…
Nous avons fait une large place aux difficultés de recrutement et d’affectation ainsi qu’à la détresse suscitée par une gestion des personnels très souvent impersonnelle, anonyme, perçue comme inhumaine. ⇒ Lisez ici l’intégralité de notre déclaration préalable.
Affectation des stagiaires : une catastrophe industrielle
Dans le 1er comme dans le 2nd degré, nous ne pensons pas avoir jamais été autant sollicités pour des difficultés et des changements d’affectation à la dernière minute, quelques jours jours avant, voire après la rentrée.
Notre analyse est que les services administratifs ont été mis en échec par la conjonction entre une complexité statutaire devenue ubuesque, et des services fragilisés par le turn over, le manque de formation, et surtout la carence généralisée en personnels. Le ministère a participé à ce naufrage: le rectorat nous a indiqué qu’ils n’ont été informés qu’après la mi-août de changements dans les quotités (mi-temps/temps plein) pour près de 200 stagiaires.
Quelles conditions d’entrée dans le métier !! Au moins avons-nous la confirmation qu’ils pourront solliciter les services de l’action sociale pour être aidés, en particulier pour les cas de changements tardifs d’affectation qui engendrent.
Bilan des recrutements et postes vacants (chiffres du rectorat)
Cette rentrée, l’académie de Versailles compte 1 171 000 élèves (et étudiant.es sous statut scolaire) et 102.000 personnels (dont 79.000 enseignant.es) [chiffres arrondis].
% des personnels sous statut fonctionnaire (titulaires + stagiaires) | Lauréats de concours stagiaires dans l’académie | personnels sous statut contractuel | contractuels nouveaux, recrutés depuis juin 2022 | contractuels renouvelés | |
1er degré | 97% | 909 (sur 1600 places offertes au concours, et après appel de toutes les listes complémentaires) | 1147 (3%) |
607 | 540 (dont 36 CDI) |
2nd degré | 92% | 1090 | 3374 (soit 8%) | 188 | 2138
+ 1048 déjà en CDI |
Les postes vacants sont souvent liés à des postes incomplets. Dans le 1er degré, les 60 ETP (équivalent temps plein) se concentreraient sur les compléments de service (temps partiel, décharges de direction…). Dans le 2nd degré, il s’agit surtout de BMP dans certaines disciplines « en tension » (technologie, génie industriel, éducation musicale), représentant plusieurs dizaines d’ETP.
Dans les métiers non enseignants, les postes vacants sont également nombreux. Il manque :
- 30 psychologues de l’EN
- 20 infirmières (malgré le recrutements de 12 listes complémentaires et de 10 contractuelles.
- 50 médecins
- 25 assistantes sociales
- 40 agents de laboratoires (pour 415 postes dans l’académie)
- 25 agents administratifs (cat A-B-C) sur +3800 postes
Pour les enseignants comme les administratifs, ces chiffres nous semblent sous-estimés au regard de la réalité que nous rencontrons sur le terrain et qui remontent de nos enquêtes de rentrée. En outre, des moyens de remplacements sont pour l’instant affectés sur ces compléments de service, et manqueront pour assurer les remplacements sur le reste de l’année.
AESH : des postes ouverts mais non pourvus
Les difficultés de recrutement les plus lourdes touchent les AESH. L’académie ne parvient pas à pourvoir tous les postes dont elle a obtenu le financement. Les raisons en sont connus, et notamment la faiblesse du salaire renforcé par le caractère très souvent incomplet du temps de travail.
Les services académiques travaillent en lien avec les MDPH. Ils cherchent à favoriser des recrutements locaux, afin de limiter les déplacements et de permettre de trouver localement des temps de travail complémentaires sur les temps périscolaires. Cette piste nous semble vraiment intéressante pour permettre aux AESH de s’approcher d’un temps de travail (et donc d’un salaire) complet dans des conditions de travail acceptables, sans que cela annule nos revendications en matière de revalorisation et de reconnaissance du métier.
Une nouvelle procédure pour les ruptures conventionnelles
A la différence d’autres organisations syndicales, le Sgen-CFDT considère que le dispositif des ruptures conventionnelle peut répondre à des besoins de mobilité professionnelles, pour un petit nombre de collègues au moins.
A partir de cette année, le rectorat va examiner les demandes dans le cadre d’une campagne annuelle. Ce n’était pas notre demande, mais ces nouvelles modalités peuvent apporter plus de transparence et de visibilité pour les collègues qui demandent. La circulaire paraitra prochainement.
Nous avons ainsi obtenu que le départ soit proposé (pour toutes les catégories) au 31 août, permettant donc le versement du salaire sur les vacances estivales. Nous avons insisté pour que le rectorat respecte les échéances annoncées, notamment pour les délais de réponses. Il existera néanmoins une certaine souplesse dans le calendrier, à la fois sur la date de dépôt des demandes (mais elles passeront après les autres) et sur le départ (exceptionnellement possible en cours d’année).
CDIsation des AED
Au début de l’été est enfin paru le décret qui permet le passage en CDI des AED (assistant d’éducation) qui ont déjà cumulé 6 années de contrats (lisez nos explications). Le rectorat a recensé et informé près de 200 AED concerné.es, mais pour l’instant seuls 50 demandes ont été reçues.
En effet, c’est une démarche volontaire et les agent.es concernés doivent en faire la demande auprès du chef d’établissement qui assurera le traitement administratif. Ensuite, la gestion des AED en CDI se fera au niveau de chaque DSDEN. Cependant, le contrat sera lié à l’établissement d’exercice : une mobilité reste possible, mais à titre exceptionnelle, en demandant aux DSDEN.
Campus Lesseps
Depuis plusieurs mois, le rectorat a le projet de regrouper l’ensemble de ses services sur le même site, boulevard de Lesseps. S’y ajoute désormais la DSDEN 78 et le CROUS de Versailles. Les crédits nécessaires ont enfin été obtenus, et le projet de « Campus Lesseps » va entrer dans une phase active, avec choix du projet architectural l’an prochain pour une fin des travaux prévue en 2027.
Le Sgen-CFDT participe déjà à des groupes de travail, et sera attentif aux conditions de travail des personnels rectoraux ainsi qu’à l’accueil des nombreux visiteurs.