Flambée épidémique: pouvoir se protéger par la grève

Emballement épidémique, incurie de notre ministère, surdité aux alertes répétées: certain.es personnels n'auront d'autre recours que la grève pour protéger leur santé et celle des autres. Nous déplorons qu'ils doivent le "payer" de leur salaire, faute des mesures de protection adaptées.

Ci-dessous le préavis de grève déposé ce jour par le Sgen-CFDT Versailles, dont les collègues et les équipes concernés pourront se saisir.

 

Madame la Rectrice,

En application de la loi du 19 octobre 1982 et du décret n° 2008-1246 du 1er décembre 2008, nous vous informons que le syndicat Sgen-CFDT de l’académie de Versailles dépose un préavis de grève courant jusqu’au samedi 17 avril 2021. Ce préavis de grève concerne l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale de l’académie de Versailles.

Ce préavis est motivé par l’insuffisance des protections mises en place pour les élèves et les personnels compte tenu de la gravité de la situation sanitaire.

Nous le déposons avec regret. Notre organisation est convaincue de l’importance de nos missions. Les personnels souhaitent avant tout pouvoir être aux côtés de leurs élèves. Mais, alors que les données épidémiques flambent, alors que de partout nous parviennent des signalements qui indiquent qu’il n’est parfois plus possible d’assurer nos missions, faute par exemple d’adultes en bonne santé en nombre suffisant, nous ne pouvons que constater les carences de l’institution pour protéger ses personnels et les élèves.

Depuis des mois nous alertons sans relâche pour qu’écoles et établissements s’adaptent réellement à la situation. Mais malgré toutes ces alertes, les actions entreprises par les autorités gouvernementales ont été très insuffisantes. Régulièrement, le Ministre de l’Education Nationale de la Jeunesse et des Sports a nié la gravité de la situation.

Nous regrettons également que, contrairement à la latitude qui en est laissée aux autorités académiques, des dispositions spécifiques n’aient pas été prises pour répondre à certaines de nos alertes faites en connaissance de cause, relayées via le CHSCTA, par exemple concernant la question des jauges pour certains collèges qui accueillent de nombreux élèves, y compris en surcapacité, ou qui sont en très grande tension du point de vue des risques de diffusion épidémique.

L’administration n’a pas fourni aux personnels de masques chirurgicaux. Aucun dispositif n’a été mis en place pour permettre le contrôle et l’amélioration de la qualité de l’air dans les salles de classe. Les travaux nécessaires, en termes de sanitaires ou d’aération, n’ont pas été menés. L’hybridation, pertinente en lycée, n’a pas été autorisée en collège ou dans les écoles. Les consignes en cas d’absence de personnels conduisent à un brassage des élèves et à des sureffectifs particulièrement problématiques dans la période. Nous ne présumons pas de l’efficacité des mesures annoncées vendredi dernier au soir et qui restent à préciser. Le doute est permis.

Il ne nous paraît pas juste que des personnels aient à sacrifier de leur salaire. Il ne nous paraît pas juste que des personnels aient à user du droit de grève alors qu’ils souhaiteraient simplement pouvoir exercer leurs missions en sécurité.

Face à la gravité de la situation, l’administration peine à reconnaître le droit de retrait, et plus largement ses propres insuffisances.  Les nombreuses fiches RSST qui sont remontées ne font l’objet la plupart du temps d’aucune suite, et les chiffres communiqués officiellement ne semblent trop souvent pas même correspondre aux constats de terrain.

Dès lors, nous savons que des personnels, à certains endroits de l’académie particulièrement touchés, n’auront d’autre choix pour se protéger que d’utiliser le droit de grève. Nous assurons ces personnels de notre soutien.

Nous vous prions de croire en notre dévouement au service public de l’Education Nationale.

                                  Claire Bonhomme, Secrétaire générale académique  du Sgen-CFDT de l’Académie de Versailles

 

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