Billet d’humeur : où sont les manuels ?

Manuels numériques imposés sans avis, budgets divisés par trois à la veille de la rentrée, et des outils comme Pearltrees qui sabotent nos cours : la coupe est pleine. Retrouvez le billet de Nathalie, militante CFDT dans un lycée de l'Académie de Versailles.

 

 

Un des grands sujets de cette rentrée dans les lycées franciliens est celui des manuels scolaires et de pearltrees. Ce n’est pas mener un combat d’arrière-garde contre le numérique que de réaffirmer que ce que nous déplorons à la CFDT, ce sont bien les méthodes de la Région : Les manuels numériques ont été imposés dans de nombreux lycées il y a quelques années – souvent sans tenir compte de l’avis des enseignant.es et des choix des conseils pédagogiques. Il y a deux ans, pearltrees était imposé sans préavis ; de nombreux supports visuels et audios ont alors disparu faute d’accord avec les éditeurs. Les enseignant.es ont découvert, parfois en classe devant élèves, que le document qu’ils et elles avaient prévu d’utiliser lors de la séance n’étaient plus accessible.

Pour cette rentrée 2025, nous avons appris le 29 août que les dotations budgétaires pour les manuels étaient réduites à 1/3 par rapport à l’année scolaire passée ! La base de calcul est le nombre de connexions par rapport au nombre de licences financées. Or les enseignant.es en lycée ont très vite constaté que les élèves ne se connectaient pas, en effet, mais partageaient une capture d’écran via les réseaux sociaux de la classe. On peut le déplorer mais les efforts des collègues n’ont pas réussi à modifier cette façon de faire.

Ce budget réduit à peau de chagrin provoque des rivalités entre disciplines et nous contraint à utiliser les manuels numériques qui ont été supervisés par divers IPR. Leur déploiement est pour nous extrêmement problématique : Nos matières – et disons-le aussi : notre École – n’ont rien à gagner à reposer sur un seul manuel par discipline qui porterait une voix « officielle ».

Par ailleurs, combien de responsables politiques du gouvernement ou de la Région déplorent le temps passé par les jeunes générations devant les écrans, parlent de « droit à la déconnexion » en cette rentrée scolaire ? Ces mêmes responsables sont-ils et elles conscient.es de l’état du parc informatique dans les lycées de la Région ?

Toutes ces contradictions ne semblent pas déranger nos décideurs politiques !

Enfin, ces supports numériques uniques ne peuvent remplacer un travail éditorial de qualité qui s’appuie souvent sur une collaboration avec des laboratoires de recherche… La disparition du livre (scolaires, au CDI, en classe) des établissements scolaires en tant qu’objet n’est ni souhaitable ni envisageable, tout comme la disparition de l’écriture manuscrite dans les classes. La recherche justement nous fournit des études précises à ce sujet…