Déclaration liminaire au CTA du 8 septembre 2022

La déclaration du Sgen-CFDT de l'académie de Versailles, lue en ouverture du comité technique académique de rentrée.

Madame la rectrice, chers collègues,

Au-delà de la rentrée scolaire, notre CTA a 3 points à son ordre du jour. Sur chacun d’entre eux (les ruptures conventionnelles, la CDIsation des AED et le campus Lesseps), nous aurons des remarques et des questions précises à poser à Mme la rectrice. Nous le ferons lorsque ces points seront soumis à nos débats.

Des difficultés de rentrée enfin médiatisées

 Notre déclaration se concentrera sur le sujet principal de notre instance et de l’actualité, la rentrée scolaire. Comme chaque année, nous en pointons les nombreux dysfonctionnements et vous serez tentés de nous répondre qu’ils ne sont que résiduels.

Pourtant, cette rentrée ne ressemble pas aux précédentes. Non pas que les difficultés soient nouvelles, nous alertons depuis très (trop) longtemps dans notre académie, et nous pourrions dresser l’inventaire à la Prévert des postes et compléments non pourvus dans les écoles, établissements et services.  L’inédit est dans la médiatisation des difficultés qui désormais touchent tous les niveaux et toutes les régions.

Ce n’est peut-être pas la « rentrée de la fin du monde », et mais sans doute la première où le grand public se rend compte qu’on s’approche d’un changement de monde (et pas seulement à cause de la sécheresse estivale). Pas un jour aussi sans un article sur des profs en souffrance qui démissionnent ou envisagent de le faire. Et à l’Education Nationale, les enseignant.es sont la forêt assoiffée qui cache la toundra des services administratifs et médico-sociaux, pas mieux lotis.

La prise de conscience semble avoir touché jusqu’à notre (nouveau) ministre, et nous ne pouvons que nous satisfaire qu’on soit enfin sorti du déni. D’ailleurs, le fait que notre administration mette en place de nouvelles procédures pour recruter puis pour affecter des personnels, c’est bien qu’il y a des difficultés croissantes à défaut d’être nouvelles.

En revanche, s’il y a un aspect sur lequel cette rentrée est un véritable accident industriel de grande ampleur, c’est l’affectation des enseignants stagiaires.

Des affectations indignes pour les enseignants stagiaires

Dans le 1er comme dans le 2nd degré, nous ne pensons pas avoir jamais été autant sollicités pour des difficultés et des erreurs d’affectation. Ces collègues ont été affectés durant l’été, ils ont pris contact avec les établissements, rencontrés leurs (futurs) collègues, parfois même fait leur prérentrée ou même accueillis leurs élèves… jusqu’à ce qu’ils soient déplacés de manière abrupte, et plusieurs fois pour certains.

Sur ce point, nous avons déposé une question diverse, pour obtenir des éléments chiffrés et des explications précises.

Notre analyse est que beaucoup de stagiaires ont été mal affectés car les services administratifs ne pouvaient qu’être mis en échec. D’un côté, la complexité statutaire est devenue ubuesque : combien parmi nous sont capables d’expliquer qui doit être à mi-temps, et qui à temps plein ? De l’autre, les services sont fragilisés par le turn over, le manque de formation, et surtout la carence généralisée en personnels.

Ces dysfonctionnements sont ainsi devenus structurels, et nous attendons de Mme la rectrice les mesures de fond pour aller vers une solution.

Les néotitulaires pas épargnés

Les néotitulaires n’ont pas non plus été épargnés par les difficultés d’affectation. Dans ces conditions et faute de visibilité, se répand la petite musique que les contractuels seraient « mieux » traités que les titulaires. Ce n’est pas en jouant de l’opposition entre les personnels que nous répondrons aux enjeux du service public d’éducation et de l’égalité entre les territoires.

Donner des perspectives aux contractuel.les

Justement, parlons des contractuel.les. Certains qui aujourd’hui découvrent (et dénoncent) les conditions de recrutement et de formation de ces personnels, oublient à quel point l’affectation des contractuel.les devant des élèves était expéditive jusqu’à ces derniers mois. La (modeste) amélioration de leur rémunération et de leur formation était d’ailleurs la condition pour les recruter en masse afin de répondre à nos besoins croissants.  Mais resteront-ils ? Resteront-elles ?

Nous aurons toujours besoin de contractuel.les, mais leur nombre est aujourd’hui trop élevé. L’horizon pour tous doit être l’intégration dans la fonction publique, ce qui implique des conditions d’accompagnement puis de titularisation, ce que le Sgen-CFDT défend depuis fort longtemps.

Stagiaires, néo-titulaires, nouveaux contractuels… quelles conditions pour leur entrée dans le métier ? Pense-t-on vraiment leur donner ainsi envie de devenir et de rester enseignant.e ?

Cet inventaire serait incomplet si nous n’évoquions pas les nombreux refus de détachement, notamment dans l’enseignement supérieur, qui n’aboutissent pas forcément à l’effet escompté, garder davantage de personnels…

L’inventaire d’ailleurs est loin d’être complet…

Des personnels inquiets qu’il faut rassurer

Autre conséquence de la saturation de nos services administratifs, les personnels ne parviennent plus à entrer en contact avec eux. L’impression est celle d’une gestion inhumaine des ressources, pilotée par les outils techniques. Une gestion impersonnelle et anonyme qui accroit la détresse.

Parfois nous avons vu l’administration trouver des solutions bienvenues pour des agent.es en souffrance. Nous avons aussi malheureusement des exemples où, face à des situations humainement difficiles, notre administration a montré son visage le plus terrible, sourd à la détresse de ces collègues, sûre de son discours, dénué d’empathie et se réfugiant dans un autoritarisme de mauvais aloi.

Comme nous le signalons régulièrement en CHSCTA, la prévention des risques psycho-sociaux doit être l’une des priorités de notre académie en terme de santé au travail. Les signaux sont alarmants.

Pour l’ensemble des personnels, les sujets d’inquiétudes sont encore très nombreux en cette rentrée. Dans les établissements, au-delà (ou à cause) du manque d’enseignants et de personnel, des interrogations demeurent sur les services, les structures, les examens…

Pour rester dans le métier, nos collègues ont besoin d’être rassurés sur les intentions véritables du gouvernement : sur la réalité d’une véritable revalorisation salariale, sur l’évolution de la voie professionnelle, sur les transformations du collège…

Même si ces sujets de dépendent pas de votre décision Mme la rectrice, il vous appartient de porter une parole qui rassure.

Merci de votre attention.