Notre déclaration au comité technique académique du 1er juillet 2022

Nous publions notre déclaration en ouverture du CTA de ce 1er juillet, le dernier de l'année, et des éléments réponse après cette déclaration préalable.
Nous publierons un article spécifique en lien avec le point à l'ordre du jour sur la préparation de la rentrée.

Déclaration préalable

Madame la Rectrice, Chers collègues,

Le mois de juin s’est achevé, et nous voilà réunis pour l’ultime Comité Technique de cette année scolaire, une année que nos professions, partout, dans les écoles, établissements, services, achevons en coureurs de fonds, la ligne d’arrivée en vue mais encore trop lointaine.

Le mois de juin est celui des examens. Même si la situation s’est un peu  améliorée par rapport à la dernière session, des dysfonctionnements dans l’organisation et le déroulement des épreuves perdurent, et ne vont pas du tout dans le sens d’une reconnaissance de notre travail et de notre professionnalité. De nombreux collègues nous ont alerté au sujet des notes remontées mécaniquement, sans aucune communication, après avoir corrigé les épreuves de spécialité du baccalauréat. D’autres encore, ou parfois les mêmes, ont reçu du samedi pour le lundi des convocations au « Grand oral ». Ajoutons à cela certains collègues qui n’ont toujours pas été rémunérés pour les examens de l’année passée, voire auparavant et ne voient pas pourquoi, dans ces conditions, l’administration s’autorise à les convoquer de nouveau.

Nous vous avions écrit, ainsi qu’au SIEC, à propos de ces difficultés accumulées. Nous avons reçu une réponse, et nous vous en remercions, mais celle-ci peut difficilement être entendue de nos collègues et de leurs représentants. Vous indiquez que ce processus d’harmonisation des notes d’examen est parfaitement légal mais aussi transparent. Nous dirions qu’il est visible, plus que transparent, ce qui supposerait des critères connus et a minima une information des correcteurs. Faute d’explications, ou mieux de travail collectif, nos collègues y voient une remise en cause de leur activité d’évaluateurs.

Quant à l’incapacité du SIEC à résoudre les difficultés pour envoyer les convocations à l’avance et à répartir les tâches, nous avons la désagréable impression que cette situation se perpétue d’année en année. Ce alors que vous aviez l’an dernier pris des engagements forts pour mettre fin aux dysfonctionnements. Entendons-nous bien, nous ne méconnaissons pas la lourdeur du travail pour les agents du SIEC, mais force est de constater que ce service inter-académique s’avère incapable d’assurer ses missions tel qu’attendu, et à la fin le résultat pour les personnels convoqués et sommés de s’organiser dans l’urgence est le même.

Le mois de juin, c’est aussi, et déjà bien avant, la préparation de la rentrée prochaine. L’éternelle question du manque de personnels est désormais omniprésente dans le débat public. Nous en avions déjà longuement parlé dans notre déclaration en ouverture du précédent CTA.

« La baisse continue depuis plusieurs années de l’attractivité des concours de recrutement est un signal d’alarme. (…) Le contexte de tensions délicates à propos du recrutement (…) implique de consacrer un effort particulier et significatif à la hausse des rémunérations ». Ce n’est pas nous qui le disons, c’est notre ministre qui nous l’a écrit il y a quelques jours. Il a raison de relever que la question salariale est primordiale. Comment croire qu’une augmentation du point d’indice de 3,5 %, commune à l’ensemble des fonctions publiques, est une réponse suffisante ? Le gouvernement a compris enfin que le gel du point d’indice n’était plus tenable, il s’en faut de beaucoup pour que les comptes soient soldés en matière de rattrapage des retards accumulés, en particulier bien sûr dans l’ Education Nationale, l’enseignement supérieur et la recherche.

Mais ici, en Comité Technique Académique, où nous n’avons pas la main sur ce levier, nous redisons que le salaire n’est pas tout. Quand notre académie prendra-t-elle le temps de réfléchir vraiment à des propositions à sa portée pour attirer vers les métiers de l’Éducation nationale, et faire que la priorité à l’accueil des entrants dans le métier, priorité proclamée avec constance par plusieurs recteurs successifs, deviennent enfin une réalité ! En la matière, le Sgen-CFDT a déjà fait des propositions que nous serons ravi.es de réitérer.

Pour pallier ce manque d’attractivité, nous le savons, le recours aux personnels contractuels est de plus en plus fréquent et rendu de plus en plus visible. Nous l’avions dit, les initiatives récentes ne peuvent que servir d’expédients. Et encore, leur « rendement » [terme souvent utilisé par la rectrice] est bien en-deçà de vos espérances à en croire les chiffres communiqués hier en groupe de travail.

Pourtant, notre académie fait quelques efforts indispensables, en matière de rémunération ou de formation. Pour l’instant, ils ne semblent pas encore suffisants pour garantir (comme s’y est avancé notre ministre) qu’il y aura un enseignant ou plus sûrement une enseignante devant chaque classe à la rentrée. D’autant que des interrogations demeurent (notamment sur l’accompagnement des contractuels) et que certaines pratiques en lien avec le renouvellement des contrats nous interrogent.

Ce mois de juin qui vient de s’achever fut aussi celui d’un nouvel épisode de très fortes chaleurs, particulièrement précoce, qui est venu interroger notre capacité à faire face collectivement aux effets déjà bien présents du changement climatique.

Face aux enjeux désormais incontournables d’adaptation du bâti et du calendrier scolaire, tous les acteurs doivent prendre leur part, du ministère aux collectivités territoriales. Notre nouveau ministre en a fait d’ailleurs un des sujets saillants du courrier adressé aux personnels. Notre académie, la première de France en terme d’effectifs d’élèves comme d’agents, ne peut s’exonérer de ses responsabilités. Il en va des conditions d’apprentissage des élèves bien sûr, mais aussi des conditions de travail des personnels, que l’État leur doit en tant qu’employeur.

Notre CTA est le dernier de l’année scolaire, et figure à son ordre du jour un point relatif aux ruptures conventionnelles. Vous proposez que ces demandes soient examinées sous forme de campagnes régulières plutôt qu’au fil de l’eau. Ce changement soulève des difficultés et des interrogations quant à l’effectivité des droits de nos collègues. Nous sommes tout à fait disponible pour travailler à un dispositif à la fois équitable, transparent et efficace. Cependant, le groupe de travail initialement prévu le 23 juin étant reporté au 8 juillet, nous supposons que ce point sera sorti de l’ordre du jour et reporté à un prochain CTA. Nous sommes d’ailleurs preneurs d’éléments de calendrier, et bien sûr de documents préparatoires sur ce GT encore à venir.

Inversement, nous examinerons aujourd’hui deux points en report du CTA précédent, et pour lesquels nous avons pu tenir des groupes de travail :

Le premier GT a porté sur le plan académique de formation et sur sa nouvelle architecture dans le cadre de l’école académique de formation continue.  A défaut d’être révolutionnaire, le plan de formation 2022-2023 intègre de nouvelles modalités intéressantes pour rendre les collègues acteurs et actrices de leur formation.

Il nous reste cependant des inquiétudes sur le caractère opérationnel de ces innovations et sur la possibilité pour les collègues de s’en emparer, notamment en ayant accès à une information claire. Nous avons aussi des craintes plus générales sur la possibilité laissée effectivement aux collègues de suivre des formations. Par exemple, faudra-t-il que les collègues rattrapent les heures « perdues » en se formant. Certaines annonces récentes nous rendent inquiets en la matière.

Un second GT a porté sur la politique dite de « confiance numérique ». La démarche intéressante essaie d’associer sécurité informatique et protection des données dans un ensemble complexe et cohérent… sur le papier. Les spécialistes que nous avons rencontré étaient de bonne volonté, les documents qu’ils ont produits sont très complets mais aussi complexes et trop ambitieux au regard des ressources actuellement disponibles. Au final, les échanges laissent de nombreux aspects concrets en suspens, et ouvrent toute une série de questions.

Globalement, sur ces deux derniers points, la politique menée par le rectorat nous paraît porteuse de quelques innovations et d’ambitions louables, mais butent très vite sur le manque de moyens, l’absence de véritable priorité voire de portage politique face au risque que notre institution ne génère ses propres blocages.

Parlons clairement : Si c’est important de se former, il y a un coût en terme de remplacements à assumer. Si c’est important de protéger des données, il faut des personnels pour s’en charger, avec du temps dédié et une formation adéquate.

Notre conclusion sera un appel madame la rectrice : donnez- vous les moyens de faire vivre des priorités que nous pourrons ainsi partager.

Nous vous remercions de votre attention.

Quelques éléments en retour de cette déclaration préalable

L’examen du point sur les ruptures conventionnelles est bien reporté au CTA de rentrée.

Au sujet des examens et des dysfonctionnements

L’administration reconnait des dysfonctionnements et met en avant des difficultés techniques pour mettre à jour les « viviers » de correcteurs et d’interrogateurs.  Ces difficultés sont récurrentes et il devient difficile d’entendre cette justification session après session.

Quant aux modifications des notes, l’inspection indique qu’il s’agit de procédures d’harmonisation habituelles, rendues plus « transparentes » par Santorin et qu’il y a effectivement eu un défaut de communication.  Nous ne partageons pas l’analyse qui est faite d’une harmonisation sur la base de critères fins, car le traitement parait avoir été bien mécanique. Par ailleurs, c’est bien le jury qui est et reste souverain dans ses délibérations.

Au sujet des rémunérations

Concernant l’augmentation de 3,5% du point d’indice, la rectrice se félicite d’une hausse inédite depuis 1985.  Au vu du retard accumulé sur la période, c’est une façon particulière de le présenter…

La rectrice indique que compte tenu de la date d’annonce  et de la date d’effet (1er juillet 2022), et de la période d’année, il sera difficile d’appliquer cette mesure dès la paie de juillet. La différence sur deux mois devrait être sur le traitement suivant (fin août).

A lire aussi à la suite de ce CTA:

  • Un article sur la rentrée en préparation et quelques nouveautés (en cours de rédaction)
  • Un article sur les changements dans la formation continue avec la mise en place de l’EAFC (en cours de rédaction)