Redonner du sens au bac, laisser du sens à la correction des épreuves du bac…

De nombreux correcteurs des épreuves de spécialité ont découvert sur Santorin des modifications de notes de leurs copies. Et c'est semble-t-il particulièrement le cas en Ile de France. L'émotion, légitime, alimente aussi une énième polémique sur le bac.

Lire le courrier envoyé à la rectrice et au directeur du SIEC

Opacité et  travers du pilotage par l’outil et la procédure

bacEn effet, ces correcteurs n’ont eu aucune explication préalable sur l’objectif et les modalités de l’harmonisation prévue. L’observer en direct après le verrouillage des lots de copies a été vécu comme une remise en cause de leur professionnalité. Une nouvelle fois, le sentiment d’opacité bureaucratique alimente la défiance. Ces modifications verticales et mécaniques apparaissent comme du mépris et une perte de sens du métier. C’est un nouveau révélateur des effets pervers du pilotage par l’outil et les procédures.
L’outil informatique permet aujourd’hui des procédures inédites qui peuvent avoir du sens. Mais à condition que l’ensemble des acteurs concernés (correcteurs, inspecteurs…) soit au minimum informé, au mieux partie prenante.

Harmoniser pour quoi faire ?

Il faut clarifier en particulier ce que l’on cherche précisément à faire avec la phase d’harmonisation préalable aux jurys. Une harmonisation de masse, basée sur des moyennes de groupes de copies entre correcteurs ? De groupes de copies entre établissements ? De groupes de copies à l’échelle d’une académie ? Pour identifier des biais entre les 2 sujets ? Entre correcteurs ? Entre conditions de passation d’un établissement à l’autre (l’impact de la canicule par exemple ?). Brandir la solution de l’harmonisation à chaque soupçon d’inégalité de traitement des élèves, exonère le ministère de travailler réellement sur des solutions. On aboutit paradoxalement à un sentiment d’injustice exacerbé.

Quelles finalités pour les EDS du bac ?

Il est urgent de mener le nécessaire débat sur les finalités des épreuves de spécialité. Doivent-ellesbac servir à obtenir une photo objectivée d’un niveau de compétences et de connaissances sur lequel les formations du supérieur pourront s’appuyer ? Doivent-elles être des épreuves récapitulatives du cycle terminal ? Sont-elles essentiellement utiles à la conservation de rituels collectifs ?
Trancher ce débat est nécessaire pour donner enfin une boussole aux personnels et à leurs élèves. Plus largement, on peut espérer aussi que cela mettrait un terme aux stériles polémiques annuelles sur le baccalauréat…

En attendant le Sgen-CFDT demande que le ministère réaffirme clairement que les jurys auront le dernier mot. Il doit aussi s’engager à mener un bilan sincère de la session du bac 2022.