Reprise scolaire de janvier 2022: le Sgen-CFDT écrit à la rectrice

Dans le contexte sanitaire très dégradé: notre alerte, nos demandes, le dépôt d'un préavis de grève dont peuvent se saisir les personnels en fonction de la situation sur leur lieu de travail.

               Madame la Rectrice,

La situation sanitaire que nous connaissons actuellement est très préoccupante et elle expose notre système éducatif à une désorganisation importante à partir du 3 janvier 2022. Les collègues étaient déjà excédé·es par la situation qu’ils/elles connaissaient avant les congés de fin d’année.

Nous dénonçons une grave carence de notre employeur dans la gestion de la crise sanitaire. Nos collègues sont mis en danger, en souffrance et en tension.

En outre, la pression mise sur la réalisation des apprentissages et la préparation aux examens n’est pas compatible avec les absences causées par la crise sanitaire, que ce soit celles des élèves ou celles des personnels.

Depuis de longs mois nous avons demandé que des mesures de protection soient mises en place sur les lieux de travail. Ces mesures sont restées très insuffisantes : les capteurs de CO2 et purificateurs d’air ont été déployés de façon très marginale, les masques fournis aux personnels inadaptés à l’usage quotidien et à l’exposition, le déploiement des tests est resté anecdotique, trop de fenêtres s’ouvrent peu ou mal dans les salles de classe alors que l’aération est primordiale, les moyens humains pour effectuer le suivi des cas contacts est notoirement insuffisant…

Nous pourrions allonger la liste, et il ne faut pas passer sous le silence les difficultés à faire en sorte que les élèves portent correctement le masque et à procéder à une aération régulière quand les températures descendent, une gageure en terme de gestion de classe !

Le ministre proclame sa volonté de « sanctuariser » l’école, et la demande du Sgen-CFDT ce n’est bien sûr pas de fermer les écoles et les établissements. Mais à l’heure où le taux d’incidence moyen dépasse les 2000 cas pour 100 000 habitants en Ile de France, il faut cesser les incantations, recruter vraiment, adapter, passer des commandes… et cesser de communiquer en donnant le mauvais rôle aux personnels qui seraient « absentéistes », car les mots ont un sens.

Les ressources humaines que peut mobiliser l’académie de Versailles ne permettront pas de faire face à cette désorganisation plus que prévisible. Le Rectorat reconnaît lui-même officiellement qu’il n’est pas parvenu à pourvoir tous les postes existants depuis la rentrée de septembre. Il nous indique que les viviers sont épuisés. Tout comme les personnels déjà en poste.

De trop nombreux/ses élèves n’ont pas d’enseignant·es, que ce soit depuis le début de l’année, ou pour assurer les remplacements, y compris dans le premier degré ou dans les services de vie scolaire des collèges et lycées (AED, AESH, CPE). La situation des médecins scolaires, infirmier·es scolaires, psychologues de l’éducation nationale… n’est pas meilleure avec un nombre de postes non pourvus inacceptable dans la situation sanitaire actuelle. Et il en va de même pour d’autres missions qui concourent à la réalisation des missions du système éducatif : personnels administratifs, de laboratoire, etc. Dans le contexte sanitaire actuel, qui peut croire que cela ne se dégrade pas encore bien davantage dans les semaines à venir ?

Nous vous demandons solennellement de prendre de nouvelles mesures de protection qui permettent aux collègues d’assurer leurs missions sans se mettre en danger.

En particulier, nous demandons la fourniture de masques FFP2 pour les personnels les plus exposés (notamment enseignants et AESH en classe avec les enfants de moins de 6 ans, les AED et l’ensemble de personnels qui encadrent la demi-pension) et pour l’ensemble des personnels qui souhaitent et peuvent porter ces équipements plus protecteurs.

Nous demandons la fourniture massive d’autotests pour les personnels et les élèves.

Nous demandons que l’Education Nationale seconde et pallie le cas échéant les carences des collectivités territoriales en matière de commandes et travaux pour l’aération.

Nous demandons que les EPLE puissent effectuer les commandes nécessaires sans attendre, et que leurs budgets puissent ultérieurement être abondés en conséquence.

Nous demandons que les personnels qui peuvent exercer une partie de leurs missions en télétravail puissent effectivement le faire, avec le matériel ad hoc.

Nous demandons le retour et le renforcement des dispositifs transitoires qui avaient permis le recrutement de nouveaux contingents d’AED.

Nous vous demandons également d’œuvrer auprès du ministère pour que les objectifs en termes d’apprentissage et de certification de cette année scolaire soient reconsidérés au plus vite. D’une façon générale nous demandons de desserrer l’étau sur les personnels, pensant aussi en particulier à celles et ceux qui assurent le suivi des cas contacts, et les nouvelles règles annoncées ce jour dans les médias ne vont pas alléger leur tâche. Pour espérer encore tenir, il faut prioriser les tâches. L’évaluation ou la préparation de la prochaine rentrée scolaire ne sont pas les priorités du moment…

Dans un cadre bien sûr général, les décisions qui s’appliquent doivent aussi tenir compte de la situation et des spécificités de chaque école, chaque collège, chaque lycée, chaque service, en tenant compte de leurs spécificités. Quand cela est rendu nécessaire notamment par la situation épidémique et/ou l’absence de personnels en nombre suffisant, des décisions de fermeture doivent pouvoir intervenir.

En application de la loi du 19 octobre 1982 et du décret n° 2008-1246 du 1er décembre 2008, nous vous informons que le syndicat Sgen-CFDT de l’académie de Versailles dépose un préavis de grève courant jusqu’à la fin du mois de janvier 2022.

Ce préavis de grève concerne l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale de l’académie de Versailles et nous le déposons pour que les collègues puissent s’en saisir le cas échéant en fonction de la situation sur leur lieu de travail. Nous ne déposons pas ce préavis en vue d’ajouter de la désorganisation à la désorganisation, mais bien dans une optique de protection des personnels et des usagers, en ultime recours.

Veuillez croire, Madame la rectrice, en notre attachement indéfectible au service public d’éducation.

 Claire Bonhomme, Secrétaire générale académique du Sgen-CFDT de l’Académie de Versailles